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Procès prostitution pour occupants Villa Biron

Mon nom est Alexandra et j’ai 19 ans. J’ai quitté le Pérou pour la France il y a trois ans, attirée par l’invitation de ma tante de faire du tourisme. Cependant, une fois installée en France, à Saint-Ouen, en Seine-Saint-Denis, je ne vois aucun signe de voyage touristique, contrairement à ce que ma tante m’a promis.

Mes parents et moi résidons dans le même bâtiment où ma tante vit, à la rue Villa-Biron. Au début, je ne comprenais pas la présence constante d’hommes dans notre bâtiment. Cependant, avec le temps, j’ai compris que nous nous étions installés dans un bordel très fréquenté par des personnes transgenres, où ma tante Wendy est un personnage central.

À présent, la réalité de ma vie est telle que je suis obligée de cohabiter permanemment avec la prostitution, la drogue et les voleurs. Je suis lycénne, mais mes absences récurrentes ont suscité l’inquiétude de l’assistante sociale de mon école, qui a rapporté ma situation aux services sociaux pour enfants. Mon cas nécessite une intervention urgente, car ma mère me presse de plus en plus de travailler dans cet environnement malsain, surtout lorsqu’elle a bu. Je souhaite sincèrement qu’on m’aide à fuir cette maison qui étouffe ma vie.

Les manuscrits de deux pages ont été livrés au procureur du tribunal de Bobigny. Alexandra a été assignée à comparaître devant la brigade de lutte contre le proxénétisme (BRP) de la police judiciaire de Paris. Elle décrit la ‘Villa Biron’ où un large contingent de transsexuels provenant directement d’Amérique latine sont hébergés. Souvent, ils sont tassés dans des chambres mesurant seulement 10 mètres carrés, sales, encombrées de lits superposés, parfois jusqu’à six, huit ou neuf. Habituellement, il s’agit de jeunes hommes cherchant à modifier leur physique dans leur pays natal, espérant être hautement rémunérés en Europe. Ils sont tentés par un ‘mentor’ là-bas ou en France, généralement un transsexuel plus âgé, qui offre de couvrir tous les frais, y compris l’opération chirurgicale, les hormones et l’organisation du voyage en France. Ils sont également garantis pour un lieu de résidence et un espace de travail dans le bois de Boulogne. C’est ainsi qu’ils se retrouvent endettés.

Quelques mois auparavant, la BRP avait été alertée par une prostituée transsexuelle anonyme et effrayée qui avait réussi à fuir les lieux. Son témoignage avait déclenché l’enquête, qui fut accélérée par celui d’Alexandra. Après plusieurs mois de surveillance, de filatures et d’examen des documents financiers, en novembre 2022, la BRP a arrêté tant le propriétaire du bâtiment que plusieurs habitants identifiés comme organisateurs de la prostitution – au Bois de Boulogne, en province ou directement entre les murs des treize studios et appartements crasseux et surpeuplés de la Villa Biron.

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