La situation critique des eaux minérales en France a atteint un nouveau niveau. En raison de la détection de bactéries fécales dans l’un de ses puits d’extraction, Nestlé Waters a révélé à Franceinfo et Le Monde, le mercredi 24 avril, qu’elle avait décidé de détruire de manière préventive deux millions de bouteilles de sa marque Perrier. L’incident a eu lieu dans le site de production de la firme suisse à Vergèze (Gard) et selon Nestlé, il serait le résultat des pluies abondantes causées par la tempête Monica, qui a frappé le département en mars.
Dans une ordonnance du 19 avril que l’AFP a obtenue et que Le Monde a eu la possibilité de consulter, le préfet du Gard a ordonné à l’entreprise de cesser immédiatement l’exploitation de l’un de ses sept puits à Vergèze. Celui-ci a présenté une contamination par des bactéries indiquant une origine fécale (coliformes, Escherichia coli), ainsi que par des bactéries du genre Pseudomonas aeruginosa, à partir du 10 mars 2024 et pendant plusieurs jours. L’ordonnance souligne également que cette contamination de l’eau en bouteille pourrait représenter un risque pour la santé des consommateurs.
La crise sans précédent liée à la dégradation de la qualité des réservoirs d’eau souterrains utilisés par Nestlé sur son site a été initialement présentée comme un incident isolé par les autorités locales et la société suisse. En août 2021, anticipant les conclusions d’une enquête menée par la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes, les dirigeants de Nestlé ont demandé une réunion avec le bureau d’Agnès Pannier-Runacher, l’actuelle ministre chargée de l’industrie, pour admettre l’utilisation de procédés illégaux – la microfiltration, les filtres UV et les charbons actifs – pour gérer des contaminations bactériologiques ou chimiques, régulières ou chroniques, dans certains de leurs puits. Ces problèmes se présentaient aussi bien à Vergèze (Gard) que sur leurs sites vosgiens, qui alimentent les marques d’eau Hépar, Contrex et Vittel.
Le gouvernement a adapté les règles sur la microfiltration, permettant à ces traitements de continuer. Cependant, cela a créé une zone d’ombre sur la légalité du maintien de la désignation « eau minérale naturelle » pour ces eaux, supposées provenir de sources parfaitement préservées et exemptes de processus de désinfection, par exemple, l’eau du robinet.
Inversement, les autres méthodes de purification ont dû être arrêtées. Saisie par les Agences régionales de santé (ARS) d’Occitanie et de Grand-Est, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a exprimé sa préoccupation dans une note confidentielle délivrée en octobre 2023, en soulignant que sans ces traitements, la « qualité sanitaire » des eaux produites en France par Nestlé ne pouvait être « assurée ».
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