Étonnamment, l’ETA, le groupe indépendantiste armé basque qui a mis fin à son combat armé en 2012 et s’est auto-dissout en 2018, fait face à la justice pour la deuxième fois en moins d’un mois. Malgré le passage de nombreuses années, les ramifications judiciaires de l’ère tumultueuse basque sont toujours en cours.
Cela démontre à quel point le rythme de la justice diffère de celui de la vie politique et locale, comme le montre le cas d’Egoitz Urruticoechea. Celui-ci devait comparaître devant la Cour d’appel de Paris l’après-midi du jeudi 25 avril pour des actes remontant à 2005. Accusé d’être membre d’Euskadi ta Askatasuna (ETA, « Pays Basque et liberté »), désigné comme groupe terroriste par la justice française, il risque jusqu’à dix ans de prison.
Pourquoi un tel délai entre les accusations et la tenue du procès ? L’explication réside en grande partie dans l’histoire d’Egoitz Urruticoechea, actuellement âgé de 49 ans et fils de Josu Urruticoechea Bengoetxea, également connu sous le nom de Josu Ternera, ancien membre actif de l’ETA. Ce dernier a joué un rôle clé en 2004-2005 dans les discussions internes qui ont mené à un cessez-le-feu permanent en mars 2006, une initiative connue sous le nom de « processus de Genève » par les militants basques. Malheureusement, cette trêve a été brisée en décembre 2006 par une attaque effroyable à l’aéroport de Madrid-Barajas.
Egoitz, le fils, nie catégoriquement son affiliation à l’ETA, mais accepte son rôle actif au sein de Batasuna, un parti politique basque nationaliste de gauche radicale. Il affirme soutenir la cause basque, ce qui, selon lui, l’a amené à participer au processus de Genève, en tant que médiateur et messager pour ceux vivant en clandestinité, y compris son père. Les soupçons de justice qui l’associent à l’ETA sont basés sur des preuves de sa présence dans trois « appartements secrets » utilisés par l’organisation entre 2003 et 2005.
Son empreinte a été identifiée dans chacun de ces lieux – à Bordeaux en 2003, à Villeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne) au printemps 2005, et à Vichy (Allier) en 2005. Ces preuves, empreintes digitales, échantillons d’ADN, ou des contrats de location signés sous une identité fausse, ont tous conduit à des procédures judiciaires distinctes. Sa présence à Bordeaux a conduit à un jugement par défaut en 2007, celle de Villeneuve-sur-Lot à un jugement en son absence en 2009, et celle de Vichy à un autre jugement par défaut en 2010. Suite à une peine de prison de deux ans pour l’affaire de Vichy, le procureur a fait appel et Egoitz a été condamné à six ans de prison cette même année par la cour d’appel. La somme totale de ces condamnations porte le temps de détention à quatorze ans.
La suite de cet article est réservée aux abonnés et représente 50,47% du texte total.