Les ruelles d’Israël étaient désertes le soir du lundi 22 avril. Les Israéliens n’avaient pas cherché refuge dans les abris comme ce fut le cas à plusieurs reprises depuis le 7 octobre 2023, et récemment le 13 avril, face à la menace d’une attaque iranienne annoncée par les sirènes stridentes. Au lieu de cela, ils célébraient le départ de l’Égypte, la transition de l’esclavage à la liberté.
Toutefois, cette année, l’atmosphère était lourde et retenue, diamétralement opposée à l’euphonie habituelle des veillées de Pâques. Dans de nombreux domiciles, une chaise demeurait inoccupée à la table de Pâques en signe de solidarité avec les 133 otages détenus par le Hamas, sans aucune information sur leur état.
Ce sujet s’est avéré être le principal point de contention à ce jour : la morale du contrat social en opposition avec celle de la raison d’état. En tenant compte du premier, le refus de Benyamin Netanyahu de prioriser la libération des otages représente une violation profonde des obligations non formulées de l’État envers ses citoyens. Cependant, selon la seconde, le président israélien peut avoir d’autres préoccupations notamment mener à bien les objectifs de guerre plutôt que de négocier un accord avec le Hamas.
Et l’attaque iranienne? Rien de plus qu’un souvenir. Un peu plus d’une semaine après la nuit blanche illuminée par l’interception israélienne des drones et missiles iraniens, l’attaque, qui avait débuté comme une tragédie prévisible, s’est conclue comme un jeu d’échecs où tout le monde est sorti victorieux.
La capacité de rebondir, tel est notre second instinct.
Le 13 avril a d’abord été perçu comme l’opposé du 7 octobre. L’armée a su démontrer son efficacité sans faille. Si elle avait agi avec la même habilité deux cents jours auparavant… Sans force aérienne ni maritime, le Hamas s’est infiltré en Israël, mettant en place un niveau de brutalité sans précédent. Du côté israélien, l’expertise, la technologie, le renseignement, l’entraînement, tout s’est effondré comme un château de cartes pendant deux à trois jours, deux à trois jours de trop.
Depuis, l’armée à Gaza stagne tout en progressant ; elle s’efforce d’obtenir une victoire, mais sans succès. Le Hamas résiste sans capituler. Les pertes civiles palestiniennes sont énormes. Pour justifier le droit d’Israël à mener une expédition, ses alliés peinent à comprendre la gestion des opérations. L’ONU condamne, les sentiments militants s’intensifient, la Cour internationale de justice émet un reproche. Le « risque de génocide » est perçu comme une offense inacceptable par le peuple qui l’a subi et qui connaît la signification réelle de ce terme.
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