Atef, un Syrien originaire de Raqqa, s’est établi au Liban pour travailler comme gardien d’immeuble, quelques années avant le début de la guerre dans son pays natal en 2011. Actuellement résident du quartier de Ghobeiry, dans la banlieue sud de Beyrouth, il a lutté pour s’intégrer à la culture libanaise. La survenue de la violence dans le pays du Cèdre provoque en lui une vague d’anxiété, mais il retrouve son quotidien dans les jours qui suivent, comme si rien ne s’était passé.
La fluctuation de ces sentiments a augmenté depuis l’éruption de combats en octobre à la frontière libano-israélienne en lien avec la guerre à Gaza. Les conflits quotidiens opposent le puissant mouvement chiite Hezbollah, allié du Hamas et de l’Iran, à l’armée israélienne qui est soutenue par les États-Unis.
Salah Al-Arouri, un haut responsable du Hamas résidant au Liban, a rencontré sa fin dans une attaque associée à Israël le 2 janvier, à proximité de l’endroit où habite un gardien d’immeuble, Atef. Suite à cette élimination précise, Atef a gardé le silence quelques jours, craignant une intensification du conflit. Plus récemment, durant la soirée du 13 au 14 avril, il a passé une nuit blanche, tout comme nombreux de ses voisins. Les télévisions diffusaient en boucle les images de la réplique de Téhéran envers Israël, après l’agression attribuée à cet Etat sur le consulat iranien à Damas, survenue douze jours avant. Atef a redouté que cette agression entraîne des représailles, qui cibleraient aussi le coeur du quartier chiite du sud proche de lui, Haret Hreik, une grande zone résidentielle et un bastion du Hezbollah, qui a été durement touché par les bombardements israéliens durant la guerre de 2006.
«Nous sommes à nouveau détestés» est la phrase qu’il a dite. Il se souvient, «J’ai préparé une valise pendant que ma femme et mes trois enfants dormaient, afin que nous puissions fuir si la guerre atteignait notre porte». Bien que le conflit ait éclaté dans la vie des Syriens, qu’ils soient réfugiés ou travailleurs vivant dans le sud du Liban, seule une minorité a choisi de partir, par manque de choix. Ces derniers représentent un faible nombre parmi les plus de 92 000 déplacés, recensés par les Nations Unies, à cause des affrontements à la frontière.
Atef déplore le fait que les Syriens sont une fois de plus ostracisés, subissant d’importantes contraintes dans les zones chrétiennes, généralement moins touchées. En 2006, ces régions avaient servi de sanctuaires pour les individus qui fuyaient le Sud bombardé par l’armée israélienne pendant la « guerre des 33 jours » contre le Hezbollah.
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