Stellar Blade, un jeu d’action trépidant dans un univers post-apocalyptique, sort le 26 avril. Conçu par Shift Up, un studio de développement coréen, il est l’une des grandes sorties attendues en 2024, mais il a suscité la controverse. La critique pointe la représentation sexualisée de l’héroïne, avec sa tenue très moulante, sa poitrine exagérée et les angles de caméra suggestifs. Est-ce un signe que l’industrie du jeu vidéo ne parvient pas à se défaire des clichés sexistes ? Pas forcément.
En effet, depuis plusieurs années, de nombreux studios travaillent à améliorer la représentation de leurs personnages féminins. Tant dans les jeux indépendants que dans les plus grandes productions, il est courant maintenant de présenter des protagonistes féminins (comme dans Last of Us Part II, la série Horizon, ou Grand Theft Auto VI qui sortira en 2025). De plus, la possibilité de choisir le sexe de son personnage est devenu presque une norme, notamment dans les jeux de rôle.
L’industrie du jeu vidéo a subi une transformation quantitative associée à une amélioration de la représentation des personnages, comme l’a expliqué Teresa Lynch, chercheuse universitaire américaine et coauteure de diverses études sur le sexisme dans les jeux. Elle note l’existence de deux formes de sexisme : le sexisme hostile, visible par l’attribution de rôles secondaires et dégradants aux femmes, et le sexisme dit bienveillant, une approche paternaliste qui considère la femme comme un être intrinsèquement fragile qu’il faut protéger. Cette dernière idée est illustrée par l’archétype de la princesse à sauver, représenté dans des jeux comme Super Mario Bros. de Nintendo.
Cependant, les temps changent, et les personnages féminins sont devenus plus complexes. Par exemple, la princesse Peach, habituellement à sauver dans les jeux de Super Mario, a été mise en avant dans le jeu Princess Peach : Showtime sorti en mars. De plus, le dernier jeu de Zelda, Tears of the Kingdom (2023), donne à la princesse un rôle actif, ce qui, selon Lynch, la transforme en un véritable élément narratif.
Selon Pawel Kroenke, directeur narratif chez Arkane Lyon et scénariste du jeu acclamé Deathloop et du futur Blade, cette tendance à des personnages féminins plus élaborés est une évolution naturelle de l’industrie du jeu vidéo. En consacrant plus de temps et de ressources à la construction d’univers solides et de personnages riches, l’industrie s’éloigne progressivement des stéréotypes courants.
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