Est-ce que Pedro Sanchez, le Premier ministre espagnol, va aller à l’encontre du titre de son autobiographie, « Manuel de resistancia » (manuel de résistance, Éditions Peninsula, non traduit), publiée en 2019? Il s’est accordé une période de cinq jours pour « réfléchir » et « déterminer s’il en vaut la peine » de « rester à la tête du gouvernement ou s’il doit abandonner cet honneur ». Il a annoncé que sa décision sera communiquée le lundi 29 avril, dans une « lettre aux citoyens » postée sur ses réseaux sociaux le mercredi 24 avril au soir, ce qui a surpris tout le monde.
Plus tôt dans la journée, la justice avait révélé qu’une enquête préliminaire avait été ouverte contre sa femme, Begoña Gomez, pour trafic d’influence et corruption au sein de l’entreprise, suite à une plainte déposée par le groupe d’extrême droite Manos limpias (mains propres). «Ils ont porté plainte contre Begoña non pas parce qu’elle a commis un acte illégal – ils savent bien qu’il n’y a pas de problème – mais parce qu’elle est ma femme », a déclaré M. Sanchez sur X. Il considère que la droite et l’extrême droite ont franchi les limites du respect de la vie privée du chef d’Etat en essayant de « déshumaniser et de délégitimer le concurrent politique à travers des plaintes aussi scandaleuses que fausses ».
Spécialisée dans la collecte de fonds, Mme Gomez a maintenu sa carrière professionnelle même après que son mari ait accédé au pouvoir en 2018. Une plainte déposée par Manos Limpias, basée sur les informations révélées par le site El Confidencial, lui reproche entre autres d’avoir rédigé une lettre de soutien pour un chef d’entreprise en quête de subventions publiques. Elle est également soupçonnée de s’être entretenue avec le président du groupe Globalia, Javier Hidalgo, lors de l’été 2020 pour évoquer d’éventuels partenariats, alors qu’elle était à la tête du IE Africa Center. Pendant ce temps, ce même chef d’entreprise négociait un plan de secours avec le gouvernement pour sa compagnie aérienne, Air Europa, gravement touchée par la pandémie, une négociation qui s’est conclue par un prêt de 475 millions d’euros.
Les hostilités s’accroissent
Dans un contexte politique de plus en plus tendu et polarisé, caractérisé par plusieurs supposées affaires de corruption, les deux principaux partis politiques ont intensifié leurs attaques ces derniers mois. Ainsi, depuis février, le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) est au cœur de l’affaire Koldo. Il s’agit du principal collaborateur de l’ancien ministre des infrastructures, José Luis Abalos. Supposément, profitant de ses liens avec les administrations publiques dirigées par des socialistes, cet ancien agent de sécurité aurait servi d’intermédiaire dans la vente de masques, qui s’avéreraient défectueux, durant la pandémie, en échange de généreuses commissions.
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