Peu de gens connaissent l’Office central de lutte contre les crimes contre l’humanité et les crimes de haine (OCLCH), et pourtant, c’est l’organisation qui gère les situations les plus graves comme les génocides, les crimes contre l’humanité, les crimes de guerre, la torture pratiquée par les gouvernements et les organisations qui leur sont comparables, ainsi que tous les crimes haineux motivés par la race, la religion, la nationalité, l’ethnie, le sexe ou l’orientation sexuelle. L’OCLCH est installé dans un bâtiment vieux du 19e siècle situé à la périphérie de Paris, sur les boulevards maréchaux autrefois fortifiés pour protéger la capitale de fréquentes crises révolutionnaires.
L’OCLCH partage ses installations avec la section de recherche de Paris, d’où elle est originaire. Résultat d’un décret du 5 novembre 2013, l’office célèbrera ses dix ans d’opération en 2024. Durant cette période, cette jeune entité a vu son nombre de dossiers augmenter de 30 à 170, avec des enquêtes s’étendant d’un seul pays, le Rwanda, à 32 autres pays, y compris la Syrie, la Libye, la République démocratique du Congo, le Liberia, l’Ukraine et d’autres. Le nombre de membres du personnel est passé de 12 gendarmes à 42, y compris plusieurs civils et deux policiers. Cette expansion suggère une imbrication croissante entre le droit et les actualités internationales, et une attention croissante portée à la rhétorique en ligne. Les enquêtes et la documentation continuent d’être des parties cruciales du travail de l’OCLCH.
Lors de leur création, la majorité de nos cas étaient liés au génocide des Tutsis au Rwanda, a déclaré le général Jean-Philippe Reiland, chef de l’OCLCH. Depuis, nous avons élargi notre champ d’action en nous occupant des crimes contre l’humanité, particulièrement en Syrie, avec une quarantaine de cas en cours, et des crimes de guerre, principalement en Ukraine. Nos enquêtes sont désormais de plus en plus actuelles. Pour preuve, des enquêteurs de l’OCLCH étaient sur le terrain à Kiev, trois jours seulement après la mort de deux travailleurs humanitaires français, tués par un tir de drone le 1er février dans la région de Kherson, en Ukraine.
Nos techniques d’investigation ont énormément progressé. Nous sommes passés de l’utilisation des rapports internationaux et des ONG, complétés par des témoignages, à la réalisation d’enquêtes en source ouverte avec l’aide d’images satellitaires et de modélisation 3D, en nous basant sur le protocole développé par l’université de Berkeley en Californie. « Cependant, un office central n’est pas uniquement une unité d’investigation », insiste le général Reiland. « Il est aussi un centre de documentation, une référence d’expertise sur les litiges et un point de contact pour les échanges internationaux, notamment avec d’autres juridictions et services d’enquête. »
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