La route montagneuse et sinueuse surplombant la Méditerranée est grimpée à contrecoeur par Marouane Youssfi en ce matin d’avril. Souhaitant se rendre en France, il a pris un train à l’aube à la gare de Vintimille, en Italie, mais a été refoulé. La police a identifié le ressortissant marocain de 28 ans lors d’un contrôle à l’arrêt suivant la frontière, à la gare Menton-Garavan (Alpes-Maritimes).
En compagnie de Marouane, plusieurs migrants d’origines diverses – marocaine, tunisienne, égyptienne et pakistanaise – ont été arrêtés et conduits au poste-frontière de Menton. Certains espèrent se rendre en Espagne ou aux Pays-Bas. En l’espace de quelques heures, les autorités ont pris leurs empreintes digitales et une photographie et, constatant leur statut irrégulier, les ont escortés jusqu’au poste de police italien à proximité. Une expulsion de courte distance.
Cependant, Marouane Youssfi est déterminé à retenter l’expérience. Ayant tout à gagner, le jeune homme se trouve en Europe depuis 2019, ayant échoué à obtenir l’asile en Autriche et en Suisse. Maintenant, il envisage de tenter sa chance en France. En effet, il a informé les policiers français de son intention de demander une protection internationale, mais sans succès.
En fait, une décision du Conseil d’État du 2 février a réitéré le cadre juridique applicable lors des contrôles aux frontières intérieures de l’espace Schengen, systématiquement rétablis depuis 2015. Comme le précise le ministère de l’Intérieur, en l’absence de statut de mineur isolé ou de demandeur d’asile, la personne est soumise à une procédure de réadmission en Italie.
Les groupes de soutien aux migrants avaient espéré que la récente décision serait une opportunité pour mettre un terme aux actions qu’ils considèrent comme illégales, comme souligné par la Protectrice des droits dans une décision officielle rendue publique le 25 avril – par exemple, le rejet d’enregistrement des demandes d’asile ou la détention injustifiée. Cependant, même après trois mois, leur optimisme s’est estompé.
« L’évolution des procédures sont formelles, elles requièrent plus de temps et pourtant, certaines choses restent les mêmes », explique Jacopo Colomba, représentant de l’ONG We World, qui mène une surveillance quotidienne à la frontière de Menton. « L’entrave aux demandes d’asile persiste et la détention dans des bâtiments temporaires sans accès à leurs droits continue. ». Au ministère de l’Intérieur, on soutient qu’au-delà de quatre heures, si la personne n’est pas libérée, elle est mise en détention administrative. « Le procureur est alors informé, et la personne obtient l’option de consulter un avocat ou un médecin », affirme un représentant place Beauvau.
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