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24 avril 2024 6 h 07 min

« Sénat américain examine aide à Kiev »

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Consultez tous nos articles, nos rapports détaillés et nos évaluations sur la situation de guerre en Ukraine. Nos analyses et expositions détaillées sont disponibles sur « Le Monde ». Après un blocage de six mois, la Chambre des représentants aux Etats-Unis a décidé d’offrir une nouvelle assistance à l’Ukraine. Par ailleurs, la bataille persistante des femmes ukrainiennes, victimes d’agressions sexuelles et considérées comme des « survivantes » dans un pays où l’agression sexuelle est un sujet tabou, est édifiante.

Les fausses informations en ligne en Ukraine deviennent une source d’inquiétude pour les autorités. Dans une tribune, l’idée de la saisie des avoirs publics russes est suggérée comme une mesure préparatoire pour les réparations à venir. Beaucoup en Ukraine ressentent qu’ils sont mis de côté et ne bénéficient pas d’un soutien aussi important que celui accordé à Israël. Une autre tribune mentionne que la France pourrait jouer un rôle dans l’aide apportée au secteur de l’énergie en Ukraine.

L’histoire insolite de Stanislav Skrinnik a attiré l’attention – ce danseur de ballet passe ses soirées sur scène et ses journées à fabriquer de l’équipement pour l’armée ukrainienne. Concernant Paris 2024, le débat sur la participation aux Jeux Olympiques divise le monde du sport en Russie. On se pose aussi la question sur l’impact environnemental des guerres.

Nous répondons à vos questions les plus courantes. Par exemple, comment les drones sont-ils utilisés par Moscou et Kiev? Récemment, l’utilisation de drones en Russie et en Ukraine s’est intensifiée. Selon un rapport publié en mai 2023 par un groupe de réflexion britannique spécialisé en matière de défense, l’Ukraine perd environ 10 000 drones chaque mois sur le champ de bataille, soit plus de 300 par jour. En comparaison, l’armée française possède un peu plus de 3 000 drones dans son arsenal.

Dans le cadre de leurs opérations, les Ukrainiens et les Russes font appel à de petits aéronefs sans pilote (UAV) d’origine civile, facilement accessibles et à bas prix. Ces drones sont principalement utilisés pour surveiller les terrains de combat, aider à orienter les forces terrestres et les tirs d’artillerie. Certains sont également adaptés pour transporter de petites charges explosives qui sont larguées sur les tranchées ou les véhicules blindés.

Les drones suicide qui sont équipés d’explosifs jouent aussi un rôle crucial, malgré leur nombre plus réduit. Ces drones sont lancés au-dessus du front sans cible prédéfinie. Les drones Lancet-3 de fabrication russe et les Shahed-136 d’origine iranienne sont employés par Moscou. En l’absence d’une véritable flotte de guerre, l’Ukraine répond en utilisant des embarcations maritimes non pilotées – de petits kayaks télécommandés chargés d’explosifs (450 kilos de TNT).

Les Ukrainiens et les Russes ont reconnu l’importance des drones pour leurs opérations et se sont équipés en conséquence pour approvisionner leurs forces sur le long terme. Cela implique non seulement l’achat massif de drones civils sur le marché, mais également le développement de leurs propres capacités de production. L’industrie nationale ukrainienne, qui était encore balbutiante au début de la guerre du Donbass il y a dix ans, a depuis gagné en puissance. À la fin du mois d’août, le ministre ukrainien de la Transformation numérique a révélé qu’un clone du drone russe Lancet avait été créé et serait prochainement mis en service sous le nom de Peroun, en hommage au dieu slave de la foudre et du tonnerre.

Contrainte par les sanctions de l’Occident, qui restreignent son accès aux composants électroniques, la Russie est en difficulté. Néanmoins, selon les agences de renseignement américaines, il semblerait que Moscou ait débuté la réalisation d’une usine dans la zone économique spéciale d’Alabouga, destinée à la création de drones kamikazes d’origine iranienne, tels que les Shahed-136.

Qu’en est-il des réserves de missiles russes ?
Il est quasiment impossible, pour ne pas dire totalement, de déterminer l’état actuel du stock de missiles de l’armée russe. Les renseignements ukrainiens partagent régulièrement des informations à ce propos, mais leur fiabilité est remise en question.

D’après Andri Ioussov, porte-parole du GUR (direction générale du renseignement du ministère de la défense), cité par Liga.net, l’armée russe possédait 2 300 missiles balistiques ou de croisière avant la guerre et en avait encore plus de 900 au commencement de cette année. Selon le porte-parole, ce chiffre comprend une dizaine de milliers de missiles antiaériens S-300, avec une portée d’environ 120 kilomètres, ainsi qu’un importante réserve de S-400, version plus moderne avec une portée trois fois plus grande. En août, Vadym Skibitsky, adjoint du GUR, avançait le nombre de 585 missiles avec une portée supérieure à 500 kilomètres.

En termes de capacités de production, elles auraient augmenté pour atteindre environ une centaine de missiles balistiques ou de croisière par mois, selon plusieurs spécialistes. En octobre, le GUR estimait cette production à 115 unités.

Il semblerait que la Russie ait obtenu des missiles à courte distance de l’Iran et de la Corée du Nord et continuerait à en acquérir. D’après Reuters, qui cite plusieurs sources iraniennes, environ 400 missiles iraniens de type Fateh-110 (portée de 300 à 700 kilomètres) ont été fournis à la Russie depuis janvier, période à laquelle un accord est supposé avoir été signé. Le nombre de missiles nord-coréens achetés par la Russie reste incertain, cependant, 24 ont été lancés en Ukraine entre le 30 décembre 2023 et le 7 février 2024, affirme le procureur général, Andriy Kostin. Des experts ayant analysé les débris et les trajectoires pensent qu’il s’agit probablement de missiles KN-23 et KN-24, ayant une portée d’environ 400 kilomètres.

Qu’en est-il des avions de combat F-16 ?

En août 2023, les États-Unis ont répondu favorablement à une demande de longue date du président ukrainien en autorisant le transfert d’avions de combat F-16 à l’Ukraine. Bien qu’il existe une flotte potentielle de plus de 300 F-16 répartis dans neuf pays européens comme la Belgique, le Danemark, la Grèce, les Pays-Bas et le Portugal, tous ne peuvent pas immédiatement donner ces avions.

Volodymyr Zelensky a mentionné le chiffre de 42 F-16 promis par les alliés occidentaux à Kiev, mais cette affirmation n’a pas été vérifiée. Le Danemark en a promis 19. Les premiers 6 ne seront pas livrés avant la fin de 2023, 8 supplémentaires arriveront en 2024 et les 5 derniers en 2025, selon la première ministre danoise, Mette Frederiksen. Les Pays-Bas, qui ont également promis des F-16, possèdent 42 unités, mais n’ont pas indiqué combien ils envisageaient de donner.

Les pilotes ukrainiens sont en cours de formation pour maîtriser les avions de combat américains, avec l’aide de onze alliés de Kiev. Selon l’OTAN, ils pourraient être prêts à utiliser ces avions dans des situations de combat dès le début de 2024; certains experts pensent cependant que ce ne sera pas avant l’été de cette année.

En ce qui concerne le soutien militaire que reçoit Kiev de ses alliés, il semble y avoir un ralentissement. Aussi, le rapport de février 2024 de l’Institut Kiel indique-t-il une diminution des aides promises entre août 2023 et janvier 2024, par rapport à la même période un an plus tôt. Au regard de la difficulté du Sénat américain à approuver des aides et des problèmes de l’UE pour adopter une aide de 50 milliards d’euros le 1er février 2024, suite à un blocage hongrois, cette tendance pourrait se poursuivre.

Le rapport de l’Institut Kiel indique que la liste de donateurs se rétrécit, se recentrant sur un groupe principal de pays, dont les États-Unis, l’Allemagne, ainsi que les pays du nord et de l’est de l’Europe. Ces pays s’engagent à apporter une aide financière importante ainsi que des armes avancées. Depuis février 2022, les aides militaires, financières et humanitaires promises à Kiev par ces pays soutenant l’Ukraine s’élèvent à au moins 276 milliards d’euros.

En termes absolus, les nations les plus prospères sont les plus généreuses. Les États-Unis sont les donateurs les plus importants, avec plus de 75 milliards d’euros promis, dont 46,3 milliards destinés à l’aide militaire. Les pays de l’UE ont promis à la fois des aides bilatérales (64,86 milliards d’euros) et des aides collectives provenant des fonds de l’UE (93,25 milliards d’euros), représentant un total de 158,1 milliards d’euros.

Cependant, lorsque ces contributions sont comparées au produit intérieur brut (PIB) de chaque pays donateur, les États-Unis chutent au vingtième rang (0,32 % de leur PIB), loin derrière des pays voisins de l’Ukraine ou d’anciennes républiques soviétiques amies. L’Estonie est en tête des donateurs en termes de PIB, avec 3,55 %, suivie par le Danemark (2,41 %) et la Norvège (1,72 %). La Lituanie (1,54 %) et la Lettonie (1,15 %) complètent le top 5. Les trois États baltes, partageant tous des frontières avec la Russie ou son alliée, la Biélorussie, sont parmi les donateurs les plus généreux depuis le début du conflit.

Pour ce qui est du pourcentage du PIB, la France se classe vingt-septième, ayant promis 0,07 % de son PIB, juste derrière la Grèce (0,09 %). L’aide apportée par la France a constamment diminué depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie – la France occupait la vingt-quatrième place en avril 2023, et la treizième en été 2022.

Qu’en est-il des tensions à la frontière entre l’Ukraine et la Pologne ?

La tension entre l’Ukraine et la Pologne a été croissante depuis quelques mois, largement due au transit des grains ukrainiens. Au printemps 2022, afin de faciliter le déplacement et la vente des produits agricoles d’Ukraine sans imposer de droits de douane, la Commission européenne avait institué des « routes solidaires » vers l’Afrique et le Moyen-Orient. Toutefois, depuis le commencement du conflit, environ la moitié des céréales d’Ukraine se retrouvent en transit ou terminent leur voyage au sein de l’Union européenne (UE), d’après la Fondation Farm, groupe de réflexion sur les enjeux agricoles mondiaux. Ces grains sont nettement moins chers que le blé produit dans l’UE, en particulier dans les pays d’Europe centrale.

En se basant sur l’argument que ces grains perturbent leur marché local et les revenus de leurs agriculteurs, plusieurs pays, dont la Pologne, la Bulgarie, la Hongrie, la Roumanie et la Slovaquie, ont unilatéralement suspendu leurs importations en avril 2023. Cette interdiction a été acceptée par Bruxelles, à condition qu’elle n’interfère pas avec le transit vers d’autres pays et qu’elle ne dure pas plus de quatre mois. Bruxelles a considéré que l’embargo n’était plus nécessaire puisque ses analyses démontraient que les marchés nationaux pour les céréales n’étaient plus perturbés. Cependant, malgré ceci, Varsovie a choisi de continuer à fermer sa frontière aux céréales ukrainiennes à la fin de l’été, arguant que le problème sous-jacent n’avait pas été résolu.

Les producteurs agricoles de Pologne ont instauré un blocus à la frontière polono-ukrainienne afin de restreindre l’entrée de camions ukrainiens sur le sol national. Ils manifestent une demande d’un « embargo total » sur les produits alimentaires et agricoles venant d’Ukraine. Ils protestent contre l’augmentation significative de leurs frais de production tandis que les entrepôts et les silos sont envahis et les prix plongent. Le président ukrainien a évalué au début de 2024 que ce blocus à la frontière polonaise représente « l’érosion de la solidarité » envers son pays et sollicite des discussions avec la Pologne. Il a aussi revendiqué que « seulement Moscou profite » de ces discords, critiquant « l’émergence de slogans clairement pro-Poutine ».