L’enseignement des tuteurs traverse sa quatrième transformation en une décennie et demie. Le chef de l’État français, Emmanuel Macron, a confirmé, le 5 avril, le changement des examens à la fin de la troisième année de licence, suivis de deux années supplémentaires dans un master professionnel au sein des prochaines écoles nationales supérieures de l’enseignement (ENSP), basées sur les écoles traditionnelles qui ont formé les enseignants jusqu’en 1991. De nos jours, l’embauche a lieu à la fin du master 2, soit après cinq ans d’études supérieures.
Cet acte refaçonne radicalement le trajet d’embauche et de formation des futurs enseignants du primaire et du secondaire, seulement quatre ans après la dernière réforme qui avait déplacé les examens du master 1 au master 2 sous la première administration d’Emmanuel Macron. L’intention du gouvernement est de « mieux préparer les futurs enseignants à leur profession » mais aussi, ce qui distingue cette réforme des précédentes, de « stimuler l’attrait de la profession et de répondre à la crise de l’embauche ».
La situation actuelle est néanmoins critique. Les examens organisés après cinq années d’études durant la dernière réforme ont déclenché une chute des inscriptions. Cette mesure a exacerbé une pénurie qui ébranle l’ensemble du système éducatif national. Une crise déjà existante avant les études de maîtrise.
Le ministère ne parvient pas à assigner un professeur à chaque classe et le système de transferts est bloqué par manque de personnel. En conséquence, les heures supplémentaires des enseignants en place s’élèvent à des niveaux record pour compenser les déficits. En parallèle, le nombre de contractuels, personnes précaires et mal formées, augmente de manière continue. Il est d’une importance capitale de chercher des solutions à ce qui semble être le problème majeur du premier employeur du pays, d’autant plus que 300 000 enseignants devraient prendre leur retraite dans la prochaine décennie, soit plus d’un tiers d’entre eux. Ils devront donc être remplacés.
En 2025, le gouvernement envisage de permettre aux détenteurs d’un diplôme de licence 3 de passer des concours, comme c’était le cas avant 2010 et la première mastérisation du concours sous le règne de Nicolas Sarkozy. Le but est d’élargir la base de candidats potentiels, sachant que l’enseignement supérieur compte deux fois plus d’étudiants en licence qu’en master. Le gouvernement vise également à rassurer ceux qui pourraient être découragés par l’idée de faire cinq ans d’études avant de passer un concours qu’ils ne sont pas sûrs de réussir et d’attendre six ans pour un premier salaire qui est plutôt faible. La mise en place d’une formation en master rémunérée après la réussite du concours devrait également attirer plus de candidats, surtout ceux provenant de milieux moins aisés qu’il y a trente ans.
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