×
google news

« La princesse Madoki, l’émancipation de waacker »

L’art du waacking est pour Josépha Madoki, danseuse et chorégraphe, non seulement une façon de se raconter des histoires et de se réinventer, mais également un moyen de revêtir une identité royale, celle de « Princess » Madoki. Avec un sourire rayonnant et une grâce naturelle, elle loue sans cesse cette danse libératrice qu’elle a fait sienne. Pour elle, le waacking a été un éclairage sur sa féminité, indépendamment du genre, et a facilité son développement en tant que femme et artiste.

La Madoki actuelle, épanouie et affirmée, est le reflet de multiples apprentissages depuis son enfance, dans des domaines aussi variés que le jazz, le hip-hop et la danse classique. Mais le moment charnière pour elle s’est produit en 2005, lors d’une battle de danse à Paris appelée « Juste Debout », où elle a été éblouie par la démonstration de waacking de Yoshie Koda, une danseuse japonaise. C’est cette découverte qui a provoqué chez elle un véritable coup de foudre pour cette danse.

Aujourd’hui âgée de 42 ans, Josépha Madoki présente son spectacle D.I.S.C.O. (Don’t Initiate Social Contact with Others) ainsi qu’une battle de waacking du 26 au 28 avril au Musée d’Orsay, à Paris.

L’origine du waacking peut être retracée jusqu’aux années 1970, dans les clubs nocturnes de Los Angeles, qui servaient de refuge à la communauté gay afro-latino. « Ils avaient enfin trouvé un endroit sûr pour s’exprimer », explique Josépha Madoki. Leur dance, glamour, s’inspirait du cinéma hollywoodien et de ses icônes comme Marilyn Monroe et Greta Garbo, ainsi que des films d’animation et des arts martiaux, qu’ils admiraient en tant que jeunes hommes.

« Il m’a semblé que j’avais dansé toute ma vie, cette nuit-là ». Au rythme d’une musique disco, les mouvements d’une vitesse impressionnante des bras ont pris le dessus. « C’est le nunchaku, entre autres, qui a inspiré ces mouvements », ajoute-t-elle. Rien n’arrive sans raison. » Le mot ‘wack’ renferme deux significations : une onomatopée venant des bandes dessinées qui représente un coup, et un mot d’argot qui signifie « tu n’es pas cool ». Ces deux influences, et surtout la deuxième, ont donné son nom à cette danse. « C’était une insulte à l’encontre de la communauté gay, mais ils l’ont transformée en quelque chose de positif. »

Bien que le SIDA ait fauché beaucoup de danseurs de waacking dans les années 1980, la danse a fait son retour deux décennies plus tard. « Les survivants n’avaient nulle part où aller, ils n’avaient plus envie de danser », ajoute Madoki. Heureusement, quelques-uns, tels que Tyrone Proctor (1953-2020), un personnage historique, ont continué à propager cette danse. En 2014, Josépha Madoki est allée le rencontrer à Los Angeles et a suivi ses cours. « J’ai eu de nombreux échanges avec lui, car cette culture est transmise oralement. »

Il vous reste 44.46% de cet article à consulter. La suite est disponible uniquement pour les abonnés.

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Lire aussi

example 44
Actualité

Grégory Delaplace : morts débordent cadres funéraires

1 novembre 2024
Dans son ouvrage récent titré "La Voix des fantômes. Quand débordent les morts" (Seuil, 2024), l'anthropologue Grégory Delaplace s'interroge sur la nature des entités que deviennent les défunts dans l'interaction…
example 42
Actualité

Présidentielle 2024 : sondages et questions

1 novembre 2024
"Le Monde offre une couverture en direct de la compétition présidentielle américaine, où les sondages indiquent une lutte acharnée entre Donald Trump et Kamala Harris. - L'actualité la plus récente.…
example 39
Actualité

COP16 biodiversité : fin prometteuse

1 novembre 2024
Contradictant les prévisions sur une extension des pourparlers à Cali, en Colombie, samedi, Susana Muhamad, présidente de la 16e conférence de la Convention des Nations unies sur la diversité biologique…