Revêtue d’une robe cocktail noire pour son one-woman-show, l’héroïne à l’humour tranchant de « La Fabuleuse Mme Maisel » (diffusée sur Amazon Prime), égratigne ses parents avec ironie. « Les parents juifs ? Ils grondent leur fils parce qu’il ne consomme pas assez, et réprimandent leur fille parce qu’elle se nourrit trop », lance-t-elle, face à une salle américaine, s’esclaffant de rire, pendant les années 50.
Dans cette série, le personnage de Midge Maisel (interprétée par Rachel Brosnahan) utilise la figure de sa mère – qui chérit son frère, mais qui est très exigeante envers elle – pour mettre en lumière les discriminations de genre dans sa fratrie. Tout comme il était coutume dans sa famille, elle aurait pu également devenir une mère qui idolâtre son fils, négligeant ainsi ses filles.
Ce terme a vu le jour au début des années 2010 sur des forums de blogueuses mères, comme le site Mom vs the Boys. Sur TikTok, le hashtag #boymom a déjà accumulé plus de 33,4 milliards de vues (et plus de 17 millions de publications sur Instagram), prenant une connotation péjorative, ironique et polarisant les utilisateurs du site. Des femmes se plaisent à parodier avec sarcasme ces mères, parfois même les leurs. Dans un épisode de l’émission « Les Kardashian », Kim Kardashian s’est identifiée ainsi en se référant à son fils, Saint (coïncidence ?).
« Ta petite amie la sorcière »
Durant la période de jeunesse de ses chérubins, la mère particulière met toujours en priorité son fils comparé à ses filles, en lui offrant plus de rations et de meilleurs morceaux de viande. Elle garde toujours pour lui le dernier morceau du dessert. Par la suite, elle laisse son enfant de prédilection dominer la table. C’est à sa fille d’assumer la responsabilité de nettoyer l’assiette de son frère adoré, qui n’a jamais utilisé un lave-vaisselle de sa vie. Quoi qu’il en soit, son fils est plus brillant, plus amusant et moins complexe, contrairement aux filles, qui sont source de tracas – surtout si elles envisagent de se rebeller. « J’ai toujours été plus à l’aise avec les garçons », répète-t-elle souvent.
Si jamais elle se querelle avec l’objet de son affection, qui est maintenant un jeune adulte, elle n’hésite pas à lui faire comprendre que c’est de la faute de sa « mégère de petite amie », qui le manipule et les éloigne l’un de l’autre. Aucune femme ne sera jamais assez bien pour son petit… euh non, son fils. Quand ce dernier passe le week-end chez sa bien-aimée, la mère ressent un manque irrésistible. Alors elle lui écrit pour lui demander un message vocal, « juste pour entendre [s]a voix ».
À la fin, l’enfant se retrouve dans une situation de parentification, où les rôles sont inversés. La mère envahissante, qui confond parfois son fils avec son mari, s’attend à ce qu’il s’occupe des tâches administratives et lui offre un soutien moral en toutes situations. Le jour où son progéniture (surtout s’il est enfant unique) quittera la maison pour vivre avec son partenaire ou, pire, se mariera, elle le prendra comme une séparation, voire une trahison.
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