Pour la seconde année consécutive, le Sud-Est asiatique est assailli par une intense chaleur. Le mois d’avril, correspondant à la saison la plus torride et la plus aride de l’année pour la majorité des nations de la région, est marqué par des températures extrêmes, sans toutefois surpasser les records historiques de 2023. L’évènement bouddhiste de Songkran, célébré le 13 avril en Thaïlande (nommé ‘Thingyan’ en Birmanie), symbolisant l’apparition de la mousson et l’arrivée du nouvel an, n’a pas influencé cette situation. Les services météorologiques thaïlandais ont prévu un « indice de température dangereux » affectant quinze provinces du pays jusqu’au moins 28 avril, avec des pics atteignant 43 °C dans certaines zones. Tandis que la chaleur persiste, les feux de brousse ont considérablement augmenté les niveaux de pollution de l’air dans le Nord, une région plus aride.
Dans la Birmanie voisine, où le conflit civil s’aggrave, la canicule a conduit la junte à transférer le 17 avril l’ancienne conseillère d’État Aung San Suu Kyi d’un édifice délabré aménagé pour elle dans un secteur spécial de la prison de Naypyidaw à une « résidence surveillée », en raison de son âge (78 ans) et de la chaleur excessive. L’ex-leader, incarcérée suite au coup d’État qui a renversé son gouvernement élu le 1er février 2021, purge une peine de vingt-sept ans. Elle avait auparavant rejeté l’installation d’un climatiseur dans sa prison de Naypyidaw, préférant connaître les mêmes conditions que les autres prisonniers. Au milieu du mois d’avril, les températures ont dépassé les 40 °C dans la capitale birmane.
Le double défi de la chaleur et des conflits intensifiés pousse de nombreux citoyens en Birmanie à abandonner leurs foyers et à chercher refuge en dehors des villes, souvent dans des camps improvisés. Le Bureau de Coordination des Affaires Humanitaires des Nations Unies estime qu’au moins 2,6 millions des 55 millions d’habitants du pays sont déplacés à l’intérieur de leurs propres frontières. En outre, près de 18,6 millions de personnes auraient besoin d’aide humanitaire.
Dans de nombreuses zones affectées par les conflits ou « libérées » par la résistance, l’accès à l’électricité est absent et les gens doivent se fier à des générateurs intermittents en raison du manque de carburant. Les températures oscillent généralement entre 37 °C et 39 °C pendant la journée.
Ceci est très clairement démontré à Myawaddy, une ville birmane de 50 000 habitants, située à la frontière thaïlandaise. La ville est tombée sous le contrôle de la résistance au cours de la semaine du 8 avril et souffre désormais de bombardements de l’armée birmane. Comme résultat, des milliers de personnes ont cherché refuge du côté thaïlandais de la frontière, s’abritant le long de la rivière frontalière pour se protéger des rayons du soleil.
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