Est-il nécessaire d’éliminer toutes les traces du « Généralissime » Tchang Kaï-chek du domaine public à Taiwan ? C’est ce qu’a revendiqué Huang Jie, une jeune parlementaire de 31 ans du Parti démocrate progressiste (DPP), lors d’une session législative du Yuan le lundi 22 avril. Elle est impatiente de voir les dernières statues de l’ancien dictateur, qui continuent de peupler certaines rues et parcs, mais surtout les casernes de l’île, disparaître près de cinquante ans après sa mort en 1975.
Huang Jie, citée par le quotidien hongkongais South China Morning Post, a souligné que le gouvernement avait fourni des subventions pour faciliter le retrait des 934 statues restantes, avec une somme pouvant atteindre 100 000 NTD (soit environ 2 900 euros). Cependant, malgré ces encouragements financiers, seulement 165 d’entre elles ont été retirées. La semaine précédente, le ministre de la défense, Chiu Kuo-cheng, avait mentionné que Tchang Kaï-chek est une figure emblématique pour l’armée taïwanaise qui semble déterminée à conserver les statues en sa possession. En effet, Tchang Kaï-chek a joué un rôle clé dans la création de l’Académie militaire de Whampoa à Guangzhou en 1924, dont l’armée taïwanaise, qui célébrera son centenaire le 16 juin, fait suite.
Selon Alexandre Huang, professeur et directeur des relations internationales du parti nationaliste Kouomintang, il n’est pas prudent d’affaiblir le moral des troupes face aux menaces constantes de l’armée de libération populaire de Chine sur Taïwan en dénigrant Tchang Kaï-chek. L’impact de Tchang Kaï-chek sur la vie quotidienne des Taïwanais est minime et bien que son héritage soit mixte, attaquer ses statues restantes est contre-productif et pourrait perturber inutilement l’harmonie sociale.
Tchang Kaï-chek était anciennement le président de la République de Chine (Taïwan actuellement), aussi le leader des forces nationalistes chinoises, le Kouomintang. Il a gouverné de 1928 à 1949, lorsque le titre faisait référence à toute la Chine continentale. Il a fini sa vie à Taïwan après avoir reculé avec ses troupes en 1949, laissant la révolution communiste prendre le reste de la Chine. Cependant, il a toujours espéré reprendre la grande Chine haut la main de Mao Zedong.
Avec la démocratisation de Taïwan dans les années 1990 et l’accession au pouvoir du DPP, le parti qui revendique l’indépendance mais qui soutient actuellement le statu quo, les programmes éducatifs et de nombreuses initiatives culturelles ont mis en exergue les aspects les plus lugubres de l’héritage de Tchang Kaï-chek, y compris la soi-disant «terreur blanche», où entre 20 000 à 30 000 opposants ont été exécutés.
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