La vie de Fatima Ouassak est intrinsèquement liée au territoire qui a forgé son identité. Née dans une banlieue de Lille avant de déménager dans la banlieue de l’Est de Paris à Bagnolet, Fatima a toujours été fortement attachée à ces quartiers. Aujourd’hui, à près de 50 ans, elle est essayiste et activiste militante. Elle est souvent présente sur la Place Nelson-Mandela, située à quelques pas de la Maison de l’écologie populaire, qu’elle a co-fondée avec son groupe Front de mères, un collectif parental des quartiers défavorisés.
Fatima est l’auteure de deux essais influents publiés aux éditions La Découverte : « La Puissance des mères » en 2020 et « Pour une écologie pirate. Et nous serons libres » en 2023. En mars dernier, elle a publié « Rue du Passage », un récit fictif sur une enfant d’un quartier populaire, basé essentiellement sur les vagues de souvenirs nostalgiques de sa jeunesse. En faisant revivre les saveurs de son enfance, comme l’arôme de cumin flottant dans les escaliers et la musique de Cyndi Lauper, Fatima offre une illustration vivante de ceux qui font battre le cœur de ces quartiers.
Dans une interview pour Le Monde, Fatima revient sur l’importance de la solidarité dans les zones où elle a grandi et aborde la douloureuse réalité de se sentir en minorité lorsqu’elle a rejoint une grande école. Ayant immigré de son Maroc natal à l’âge d’un an, Fatima se considère également comme faisant partie de cette histoire de l’immigration française, qu’elle dépeint à travers le vécu des résidents d’un quartier, tel qu’elle le raconte dans « Rue du Passage ».
En repensant à ma propre expérience, ce récit évoque fortement mon enfance des années 1980 et le quartier immigré où j’ai grandi. J’ai entrepris ce travail de mémoire pendant la pandémie, en voyant des hommes âgés et noirs mourir de façon anonyme dans les foyers Sonacotra près de chez moi. L’un de ces hommes était un ancien « courrier de cassettes », qui était un lien crucial entre la France et leurs villages de naissance, transportant des vidéos familiales vers leur pays natal. Ces informations m’ont ramené à ma vie de quartier d’enfance et à tous ces métiers enfouis qui créaient des liens, de la doseuse d’épices à la couturière, que j’ai décidé de partager.
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