Joséphine Markovits, qui a dirigé la programmation musicale du Festival d’automne à Paris de 1972 à 2021, est décédée le jeudi 18 avril à l’âge de 77 ans dans un hôpital parisien suite à une sclérose latérale amyotrophique diagnostiquée en juillet 2022. Malgré la progression de sa maladie débilitante, elle a continué à fréquenter les concerts et à exercer une fonction de consultante pour le festival jusqu’à ses derniers jours, affirmant ainsi la détermination qui lui a permis de réaliser des projets parfois audacieux. Elle est notamment connue pour avoir organisé à trois reprises l’opéra expérimental Prometeo de Luigi Nono entre 1987 et 2015.
Bien qu’elle réfutait le terme « musique contemporaine » (interdisant son usage dans les discussions avec son équipe), les œuvres de Karlheinz Stockhausen, de Helmut Lachenmann, de Philip Glass, de Steve Reich et de Iannis Xenakis étaient au cœur de ses préférences musicales. Cependant, elle nourrissait également un intérêt inépuisable pour les musiques traditionnelles, que ce soit de l’Australie, de l’Afrique du Sud ou du Pays basque.
Née au Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis) le 14 septembre 1946, Joséphine Markovits était la seule fille d’un couple d’immigrants hongrois. Elle perd sa mère à l’âge de 10 ans et est envoyée en pension. Elle arrête de jouer du piano, qu’elle avait commencé à apprendre à l’école primaire, pendant son adolescence. C’est lorsqu’elle travaille pour Bayer, une entreprise pharmaceutique à Cologne (Allemagne) à la fin des années 60 qu’elle développe une passion pour la musique, en particulier celle de Richard Wagner. On l’a rappelée comme une « vraie Parisienne ».
À son retour en France, elle rejoint CBS, une entreprise de disques et travaille aussi comme attachée de presse pour les journées de musique contemporaine à Paris, organisées par Maurice Fleuret. Mais c’est en 1972 qu’elle trouve un rôle idéal, en devenant la programmatrice musicale du Festival d’automne à Paris, une initiative multidisciplinaire de Michel Guy. Joséphine Markovits a toujours eu une image parfaite de Parisienne, aux yeux de sa cousine Magi Steinberger, comme elle l’a dit au journal Le Monde.
Joséphine se forme sur le terrain, voyageant à travers le monde. En 2013, elle a déclaré au magazine Qobuz que la base de sa programmation repose sur une seule idée : « J’espère simplement que si, moi, ça m’estomaque, ça va en estomaquer beaucoup d’autres. C’est tout. » C’est de cette conviction qu’elle a organisé de nombreux moments mémorables du festival, parmi lesquels l’opéra Einstein on the Beach (1976) composé par Philip Glass et dirigé par Robert Wilson, ainsi que plusieurs parties de Licht, l’opéra de Stockhausen.
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