Pour se rendre sur le site de la future capitale indonésienne, Nusantara, située au sud-est de la grande île de Bornéo, au coeur géographique du pays, il faut traverser un labyrinthe de camions et de paysages montagneux et vallonnés. Le centre administratif comprend des bâtiments gouvernementaux majeurs, qui sont des complexe de six étages disposés autour d’un « axe national ». À l’autre bout, une imposante esplanade est surmontée par un imposant bâtiment à colonnes : le palais présidentiel, conçu pour ressembler à Garuda, l’aigle mythique qui est le symbole de l’Indonésie.
Près de 13 000 travailleurs sont à pied d’œuvre en vue de la cérémonie d’inauguration de la nouvelle capitale le 17 août, jour de la fête nationale, par le président indonésien Joko Widodo, surnommé « Jokowi ». Cette cérémonie aura lieu juste avant la fin de son second mandat. Ensuite, il passera le relais à son successeur, Prabowo Subianto, un ancien général qu’il a soutenu lors des élections présidentielles de février et avec son propre fils comme vice-président.
« Jokowi visite le site une fois par mois pour inspecter les travaux », affirme Agustinus Renaldi, un fonctionnaire qui organise des visites sur le site. Le déménagement à Nusantara, qui signifie « nation-archipel » en référence aux 17 000 îles indonésiennes, a été rendu obligatoire par une loi adoptée en deux semaines par le Parlement en février 2022. Ce projet est le couronnement de son programme de développement, à la fois nationaliste et « vert » – en raison de son succès à capitaliser sur l’élan des industries de la transition énergétique. Pour le meilleur et pour le pire.
Selon Manuelle Franck, une géographe spécialisée en géographie urbaine et régionale de l’Asie du Sud-Est, Jokowi est souvent considéré comme le « président des infrastructures ». Il s’est davantage concentré sur l’amélioration des autres îles comparativement à Java, l’île la plus peuplée de l’archipel, où se situe Djakarta, notamment en matière d’infrastructures énergétiques et de voies de communication maritimes et terrestres. L’objectif de Nusantara est de contribuer à cet équilibre.
Nusantara joue un rôle aussi comme une alternative écologique à Djakarta, la capitale actuelle située à 1236 kilomètres de distance. Djakarta, avec sa population de dix millions d’habitants, lutte contre les effets de décennies de prélèvement imprévoyant de ses eaux souterraines et de l’élévation du niveau de la mer – 40% du territoire de la ville se situe au-dessous du niveau de la mer. Nusantara ambitionne d’atteindre la neutralité carbone en 2045 et dispose d’un « plan directeur » pour la conservation de la biodiversité. Cependant, à l’horizon 2045, Nusantara ne devrait absorber qu’une fraction de la population de Djakarta, estimée à 1,9 million de personnes, selon les plans actuels.
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