Poutine maintient fermement son contrôle sur le pouvoir alors que le conflit en Ukraine perdure et que l’oppression en Russie s’intensifie. Cela peut sembler décourageant, mais ne serait-il pas préférable d’écouter Navalny et de « ne pas succomber à la passivité » ?
Il est primordial de soutenir les Ukrainiens évidemment. Cependant, tant que Poutine est au pouvoir, la guerre ne cessera pas. Alors, comment pouvons-nous aider les opposants en Russie ? Que pouvons-nous accomplir, depuis la France, malgré notre manque de connaissance approfondie de la Russie ?
La première étape est de se documenter. Si nos leaders politiques avaient pris le temps de lire Varlam Chalamov (1907-1982), ils auraient probablement pris des décisions diplomatiques différentes et plus fermes dès le début du conflit. La colonie pénitentiaire communément appelée » Loup polaire « , où Alexeï Navalny a été tué, est située sur le site d’un ancien camp du Goulag, un témoignage triste de la contiuité historique.
Il est estimé qu’un quart de la population masculine russe a connu la détention, avec son lot de maltraitances, de tortures, d’humiliations, de viols et de violence. Cela signifie que l’influence de la « mentalité des camps » est ressentie dans une grande partie de la société. La loi du plus fort dirige jusqu’au sommet du pouvoir, structure son organisation, depuis le dirigeant suprême jusqu’à tous les niveaux des forces de sécurité et de l’administration.
Il est futile de vouloir négocier.
L’exploration de l’œuvre de Varlam Chalamov, en plus de ses remarquables attributs littéraires et humains, nous aide à comprendre et à estimer l’existence de ce monde et à discerner la vraie nature du pouvoir de Poutine : absence de compromis alors que c’est la loi du plus puissant qui règne, non logique mais prédatrice, chaos et destruction au lieu de politique, ententes au lieu d’amitiés. Le règne de l’atrocité et de l’absence fondamentale d’humanité. Et une manière de manœuvrer maîtrisée par les services secrets : manœuvres, compromis, infiltration, mensonges et schizophrénie déroutante du langage.
Les mots perdent toute connexion avec le réel, le ridicule prévaut, aucune contradiction n’est inenvisageable : Poutine annonce vouloir anéantir « les nazis ukrainiens » tout en employant un discours hitlérien, comme « traîtres nationaux », et en réhabilitant Hitler et le pacte Molotov-Ribbentrop (1939).
On réalise qu’il est futile de chercher à négocier, car toutes les « justifications » religieuses, culturelles, historiques ne sont que des prétextes secondaires, formés pour représenter de manière plus respectable un objectif primitif, présent depuis le début : s’approprier, dès que le contexte géopolitique le permet. De l’argent, des terres – Poutine est l’une des plus grandes fortunes du monde, avec la collusion des oligarques, il a véritablement pillé la Russie – et il préfère détruire l’Ukraine et les Ukrainiens plutôt que d’abandonner.
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