Le dimanche 21 avril, un référendum est prévu en Équateur, où 13,6 millions d’électeurs seront invités à s’exprimer sur la politique de sécurité et les priorités économiques de leur jeune président, Daniel Noboa, âgé de 36 ans. La décision de Noboa, le 5 avril, de procéder à l’arrestation de l’ancien vice-président Jorge Glas à l’ambassade mexicaine à Quito a suscité une vive réaction internationale, y compris de la part de Washington, qui a unanimement condamné l’acte. Le Mexique a instantanément coupé ses liens diplomatiques avec l’Équateur, demandant des sanctions et des excuses. Cependant, cela n’implique pas nécessairement que Noboa a perdu de la popularité au niveau national.
Noboa est devenu président en janvier pour un mandat court de dix-sept mois (afin de compléter le mandat de son prédécesseur, Guillermo Lasso, démissionnaire). Il a pris les commandes d’un pays en pleine crise de sécurité sans précédent en raison de l’augmentation de la présence de mafias et de gangs liés au trafic de drogue. La corruption a affaibli l’État, ce qui est illustré par l’assassinat de José Sanchez, le maire de Camilo Ponce Enriquez, dans le sud du pays, le 18 avril. C’est le quatrième maire à être assassiné en un an.
Noboa s’est rapidement fait une réputation de leader fort. Il a publiquement déclaré l’existence d’un « conflit armé interne » dans le pays, déployé l’armée et instauré l’état d’urgence pour combattre les organisations criminelles. « L’arrestation de Jorge Glas renforce cette image de leader fort », explique Esteban Nicholls, chercheur à l’Université andine Simon-Bolivar. Selon Nicholls, « l’intervention injustifiable dans une ambassade ne peut être comprise que dans le contexte de la politique intérieure ».
M. Noboa a l’intention de remporter son référendum, qui constitue le premier pas vers sa possible réélection en 2025. Comme l’explique M. Nicholls, une partie des électeurs voit en Jorge Glas l’incarnation de la corruption durant l’ère Correa. Rafael Correa, au pouvoir de 2007 à 2017 puis exilé en Belgique après une condamnation pour corruption, est toujours très influent sur la scène politique, notamment grâce à sa forte présence sur les réseaux sociaux.
L’arrestation de l’ex-vice-président Glas a été jugée « illégale et arbitraire » par la Cour nationale de justice, suite à un hebéas corpus présenté par ses avocats. Toutefois, sa libération a été refusée en raison de sa condamnation dans deux affaires de corruption. Depuis sa première condamnation en 2017, M. Glas affirme être victime de persécution politique. Incarcéré dans une prison de haute sécurité à Guayaquil, il a récemment lancé un appel à l’aide aux présidents de gauche du Mexique, du Brésil et de la Colombie. Dans une lettre manuscrite rapportée par l’Agence France-Presse, M. Glas a écrit : « Je suis dans la pire prison de l’Équateur et je suis en grève de la faim. Aidez-moi ».
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