« Le Nom sur le mur », un livre de Hervé Le Tellier, a été publié par Gallimard. Vendu pour 19,80 € pour la version imprimée et 14 € pour la version numérique, l’ouvrage a déjà un total de vente de plus de un million et demi d’exemplaires. Après avoir été récompensé du prix Goncourt, Le Tellier offre à ses lecteurs un nouveau livre très différent de son prédécesseur. Il s’éloigne de la science-fiction et des prouesses oulipiennes pour se tourner vers une recherche historique. Le récit se déroule entre Montjoux et Dieulefit, deux hameaux de la Drôme situés à 5 kilomètres l’un de l’autre. Au lieu de tuer un personnage, l’auteur a choisi de réfléchir à la vie d’André Chaix et non à sa mort en écrivant ce livre.
Curieusement, Chaix n’était pas connu de Le Tellier. L’écrivain a découvert ce nom en 2020 lorsqu’il enlevait des plaques d’émail sur la façade de sa maison à Montjoux. Cela a fait ressortir le nom gravé sur le crépi à la manière d’un graffiti. Plus tard, il retrouva ce même nom sur le monument aux morts du village, indiquant « CHAIX ANDRÉ (mai 1924-août 1944) ».
Qui était cet individu, dont la naissance remonte à exactement cent ans — une vie qui avait pris fin à l’âge de 20 ans? Les détails de son existence s’assemblent rapidement. André Chaix, aîné parmi les descendances d’un boulanger de Montjoux, avait fait le choix de rejoindre les branches intérieures des forces françaises. Sa vie s’est achevée au cours d’une bataille avec les blindés allemands, accompagné par sept autres résistants. Le véritable amour qu’on porte à ce livre profondément touchant réside dans l’existence d’une petite boîte en carton que Le Tellier finit par obtenir. À l’intérieur s’y trouvent des souvenirs « précieux et minuscules » de la jeune victime réunis par la famille d’André Chaix : une carte d’identité, un pamphlet de la Résistance, des correspondances, une dizaine d’images, une boîte de friandises laxatives.
Un ouvrage politique
Ces « particules de vie » transforment alors l’obscurité autour du personnage de Montjoux en une figure influente pour Le Tellier. Ce résistant, prêt à rendre son dernier soupir pour ses convictions, éveille le militant trotskiste professionnel qu’il était à une époque révolue. Il lui fournit la matière pour un de ses écrits les plus politiques et les plus engagés contre l’extrême droite. «Inspecter le monde tel qu’il est aujourd’hui, me convainc de l’importance de toujours parler de l’occupation, de la collaboration et du fascisme, du racisme et du rejet de l’autre jusqu’à sa suppression», s’écrie l’auteur.
Le Tellier a dépeint dans « Toutes les familles heureuses » (JC Lattès, 2017) les défis émotionnels qui le déstabilisent au plus profond de lui. En tant que fils d’une mère « folle » et d’un père qui manque constamment, sans avoir de frère ou de sœur, il a été privé de l’amour et du soutien d’une famille unie. Il rêvait de se créer une « maison familiale » à Montjoux. Cependant, la réalité a surpassé ses attentes lorsqu’il a rencontré André Chaix. Pour lui, André occupe une place singulière, située à mi-chemin entre l’image d’un père et la réalité d’un fils.
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