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21 avril 2024 18 h 12 min

« Le Paradoxe du Rire: Rire Responsablement »

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« Le Paradoxe du Rire: Ce n’est pas toujours amusant », écrit par Olivia Gazalé et publié par Seghers, explore le rire sous tous ses aspects. Couvrant 432 pages et disponible à 22 € pour la version imprimée et 15 € pour la version numérique, cet ouvrage traite le rire comme un phénomène émotionnel complexe qui sollicite autant le corps que l’esprit. Gazalé insiste sur le fait que le rire est un mystère philosophique de par sa dualité innée – il peut exprimer à la fois la joie et la haine, être tranchant ou délicat, et servir tantôt de réconfort pour l’opprimé, tantôt d’outil oppressant.

Dans sa quête pour comprendre le rire, l’auteure analyse ses différentes formes tout au long de l’histoire. Elle nous rappelle que les Grecs de l’Antiquité distinguaient déjà le rire grossier, jugé coupable, de l’ironie noble de Socrate, destinée à éveiller les esprits. Cette distinction a façonné la théorie du rire pendant des siècles. Gazalé note également que le rire est vite devenu une stratégie rhétorique majeure, un ultime recours pour persuader et plaire, ce qui en fait une précieuse tactique commerciale encore à ce jour.

Dans son ouvrage, Gazalé démontre que le rire est « pleinement significant » et toujours source de sens. Elle évoque comment il peut aussi provoquer scandale, offense et humiliation, et même soutenir des idéologies destructrices lorsqu’il est exclusif, raciste, misogyne ou homophobe.

Dans son discours, qu’elle décrit comme une rébellion naturelle qui n’accorde de respect à rien, l’auteure confronte courageusement et honnêtement une question persistante portant sur la permissibilité de rire de tout. Le paradoxe ici est le suivant : bien qu’on ne puisse ni réprimer ni censurer le rire, le chagrin des personnes qui sont régulièrement victimes de moqueries ou d’humiliations ne peut être négligé. Face aux clichés prétendant qu’il est permis de rire de tout « mais pas avec tout le monde » – une idée qui sépare les gens – ou « à condition que ce soit drôle » – une notion qui risque de nous emmener à « l’abîme du subjectivisme » – Olivia Gazalé fait une distinction entre le rire et l’humour.
Elle défend l’idée qu’on peut effectivement rire de tout, même « se moquer de tout et de tous », mais « à condition que ce soit avec humour ». A travers une étude minutieuse de différentes œuvres comiques, elle définit ce qu’est l’humour et l’encadre dans un « contrat humoristique » qui tient compte du contexte, de l’individu qui s’exprime, de la cible de ce dernier et de leur état d’esprit. L’auteure argumente que l’humour ne peut tout simplement ignorer les dynamiques de pouvoir – sociales, raciales et de genre – qui existent entre les interlocuteurs. Ce sens de l' »éthique » ne limite aucunement la liberté humoristique, et repose essentiellement sur la capacité à « rire de soi-même ».
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