« Frantz Fanon. Une vie en révolutions » est une œuvre d’Adam Shatz, traduite en français par Marc Saint-Upéry. Le livre, paru chez La Découverte, coûte 28 € en version papier et 22 € en format numérique. L’œuvre de Shatz explore les idées et l’histoire de révolutions de Frantz Fanon (1925-1961).
Dans son essai de 1952, « Peau noire, masques blancs », Fanon partage une expérience de racisme durant son enfance. Il raconte l’épisode où un enfant s’est exclamé, « Regarde le nègre !… Maman, un nègre ! ». Il décrit cet événement comme une manière d’illustrer l’idéologie coloniale préexistante.
Fanon, en tant que psychiatre et propagandiste, s’est engagé entièrement dans la guerre d’indépendance algérienne. Il souligne que tous les français, y compris ceux qui prônaient l’union des deux communautés, sont coupables d’oppression, de mépris et de domination.
Selon Fanon, l’abolition de l’esclavage en 1848 n’a apporté qu’une illusion de liberté, créant un état constant de gratitude, une autre version de la domination.
Fanon, originaire des Antilles, reproche à ses compatriotes de ne pas avoir suivi l’exemple de la libération par la force armée, comme le cas de Haïti sous le leadership de Toussaint Louverture. En tant qu’Africain, il exprime sa désillusion face à la négritude du Sénégalais Léopold Sédar Senghor, dont l’essentialisme rencontra la volonté de Fanon de ne pas être associé à un passé particulier.
Notre souvenir de Frantz Fanon est maintenant bien ancré dans son identité d’Algérien. Il a servi comme Directeur de l’hôpital psychiatrique de Blida-Joinville jusqu’à fin 1953, puis a été contraint de s’exiler de l’Algérie en janvier 1957. Après son départ, il a continué son engagement via ses articles brûlants dans le journal du Front de libération nationale (FLN), El Moudjahid, depuis Tunis.
La complexité de la personnalité de Fanon est bien expliquée dans cette biographie détaillée, écrite par Adam Shatz, rédacteur en chef aux États-Unis pour la London Review of Books. Il décrit son esprit volontariste, alimenté par l’ambition de devenir le porte-parole d’une bataille dont il ne comprenait pas toutes les contraintes militaires. En même temps, sa maladie de leucémie et son isolement croissant étaient des aspects essentiels de son identité.
On trouve aussi une différence marquante entre ses écrits et sa pratique personnelle. Fanon voyait la violence comme une nécessité pour libérer le colonisé de son complexe d’infériorité, une idée renforcée par les phrases fortes de Sartre, dans la préface de « Les Damnés de la terre » (Maspero, 1961). En revanche, la politique de désaliénation mise en œuvre par Fanon à l’hôpital de Blida-Joinville montrait une grande empathie envers les traumatismes de chacun, y compris ceux des tortionnaires.
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