L’exaspération vis-à-vis des initiatives environnementales, encouragée par des groupes politiques prétendant que la France ne contribue qu’à 1% des émissions de gaz à effet de serre mondiales, s’intensifie et affecte désormais une diversité croissante de communities professionnelles et sociales. Il y a une crainte considérable que le Pacte Vert européen, bien que non parfait et ayant besoin d’amélioration, soit largement démantelé suite aux élections de juin, alors que les alertes concernant le réchauffement climatiques sont de plus en plus inquiétantes. Cette remise en question, qu’elle soit protestataire ou non, est généralement associée aux préoccupations professionnelles et aux craintes justifiées suscitées par les transformations des modes de production nécessaires pour combattre le changement climatique et promouvoir la santé publique.
C’est pourquoi il est impératif de prévoir et de gérer ces transformations. L’idée d’une transition « juste » sert précisément à souligner que ces changements ne doivent pas nuire à ceux qui travaillent dans les industries qui nécessitent une restructuration, mais que le processus doit être géré de manière à minimiser ou à éviter les chocs. Cela implique une vision à long terme, des institutions dédiées et des ressources adéquates.
Dans les années 1970 et 1980, nous n’avons pas réussi à gérer efficacement la transformation de l’industrie du textile et de la sidérurgie, ni celle d’autres secteurs dans les décennies ultérieures. Une analyse du Centre d’études prospectives et d’informations internationales, réalisée par Axelle Arquié et Thomas Grjebine et publiée en mars, souligne avec pertinence qu’entre 1997 et 2019, ces transformations ont entraîné une lourde perte en termes d’emplois et de revenus individuels. De plus, les mesures de restructuration n’ont pas favorisé une réaffectation efficace de la main-d’œuvre au profit de l’économie locale, contrairement à ce qu’avaient prévu plusieurs de nos économistes sous l’hypothèse de la « destruction créatrice ».
N’est-il pas logique que les travailleurs des secteurs et des entreprises menacés de restructuration s’opposent avec véhémence à un processus qui menace leur emploi et risque de détériorer leurs conditions de vie ?
Cependant, une certaine évolution semble se dessiner. Bien qu’il n’y ait eu pratiquement aucune action significative depuis le plan pour l’emploi et les compétences présenté au gouvernement par Laurence Parisot, l’ancienne présidente du Medef, en 2019, le Secrétariat général pour la planification écologique a publié en février une estimation des emplois qui pourraient être supprimés et créés dans le cadre de la transition écologique, et a initié des COP régionales pour compléter et enrichir cette estimation. Ce progrès important doit être suivi par un repérage détaillé des compétences utilisées actuellement et de celles à développer, ainsi que par des décisions claires sur les productions que nous voulons préserver ou relocaliser.
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