Malgré le fait qu’elles soient constamment ciblées par le gouvernement d’extrême droite en Italie, les organisations non gouvernementales (ONG) de sauvetage marin en Italie ont enregistré une victoire rare le vendredi 19 avril. Un non-lieu a été déclaré au Tribunal de Trapani (Sicile), mettant fin à une affaire complexe et intrigante qui a entraîné diverses manipulations politiques et intrigues policières depuis 2017.
Jugend Rettet, Save the Children, Médecins sans Frontières, et 21 de leurs membres étaient accusés de favoriser l’immigration illégale vers l’Italie. Ils étaient présumés avoir accueilli à bord, pendant des missions de sauvetage en 2016 et 2017, des individus qui n’étaient pas en danger en mer et d’avoir collaboré avec des trafiquants libyens pour transporter des groupes de migrants.
Ces accusations résonnaient avec l’idée que les ONG encouragent l’afflux de migrants en Méditerranée centrale, une notion que ces organisations critiquent, la percevant comme une tentative de criminaliser le sauvetage en mer. À Trapani, dix des accusés ont été acquittés, le juge ayant accepté la requête des procureurs énoncée en février. Les onze autres seront jugés devant d’autres tribunaux qui, selon leurs avocats, devraient suivre l’exemple de la décision de vendredi.
Francesca Cancellaro, l’avocate représentant les membres d’équipage de Iuventa, le navire de l’ONG Jugend Retter qui a été saisi et est retenu au port de Trapani depuis sept ans, a affirmé être ravie de la décision du tribunal de Trapani. Selon elle, le jugement favorable était le meilleur espoir et constitue un signal politique fort. Elle pense que cette affaire a constamment été utilisée par ceux qui, avec des arguments dépassés, affirment que les ONG contribuent au trafic d’êtres humains. Elle estime que cette décision aura une valeur pour tous les procès futurs et offre une perspective de décriminaliser les ONG. « Nous avons réussi à nous défendre, nous pouvons maintenant passer à l’offensive », a-t-elle ajouté.
L’origine de cette affaire est liée au comportement ambigu de deux ex-policiers embauchés en tant qu’agents de sécurité privés sur le Vos Hestia, le navire utilisé par l’ONG Save the Children en Méditerranée centrale en 2016. Après avoir participé à des missions de sauvetage, ils se sont tournés vers les services de renseignement intérieurs italiens, ainsi que des politiciens, dont Matteo Salvini, future ministre de l’intérieur d’extrême droite (Ligue), et les ont accusé de collaborer avec des trafiquants libyens. Cette enquête judiciaire est survenue dans un contexte où les autorités italiennes, confrontées à une augmentation des flux migratoires à partir de 2015, ont changé leur attitude envers les ONG.
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