Jonathan Bernard, un chercheur actif au Centre de recherche en épidémiologie et statistiques (Inserm-Inrae-université Paris Cité-université Sorbonne Paris Nord), conduit des études concernant la mise en contact précoce des jeunes avec les écrans et son effet sur leur développement et bien-être. En septembre 2023, il a publié une recherche sur un échantillon de près de 14 000 enfants observés dès l’âge de deux ans jusqu’à cinq ans et demi. Ses résultats, similaires à d’autres études précédentes, indiquent une corrélation négative entre le nombre d’heures passées devant un écran et le développement de l’enfant. Il souligne également que cette corrélation est minimisée lorsque les conditions de vie familiales sont prises en considération.
La question de l’exposition excessive des enfants aux écrans est désormais un sujet de débat politique. Cependant, à partir de quel point, de quel seuil, est-ce nuisible ? Cela préoccupe beaucoup de parents.
Le terme « surexposition » est couramment utilisé, bien que Jonathan Bernard le trouve imprécis. Il fait référence à une exposition aux écrans qui dépasse les recommandations sanitaires, sans pour autant définir clairement ce « dépassement ». Est-ce un peu ? Beaucoup ? Combien, exactement ? Et à quel âge, précisément ?
Pour comprendre ce terme, il faut prendre en compte les recommandations officielles qui varient et peuvent parfois être contradictoires. L’Organisation mondiale de la santé et l’Académie américaine de pédiatrie sont d’accord pour dire qu’il ne faut pas exposer les enfants aux écrans avant l’âge de deux ans ; tandis qu’en France, l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) soutient cette même position. Cependant, d’autres autorités, comme le Haut Conseil de la santé publique, prétendent qu’il faut attendre jusqu’à trois ans, l’âge où les enfants commencent l’école maternelle.
Le psychiatre Serge Tisseron a élaboré les directives appelées « 3-6-9-12 » : aucun écran avant l’âge de 3 ans, aucune console de jeu portable avant 6 ans, aucune utilisation d’Internet avant 9 ans et aucune navigation sur Internet sans surveillance avant 12 ans. Au lieu de mentionner des limites scientifiques ou des interdictions, j’aime mieux parler de repères.
Connait-on le nombre d’enfants qui dépassent ces balises ainsi que la durée d’exposition à ces écrans ? Un examen des informations de près de 14 000 enfants nés en 2011, provenant de l’étude longitudinale nationale ELFE, a été effectué. Les données recueillies à partir de l’âge de 2 ans jusqu’à l’âge de 5 ans et demi, entre 2013 et 2017, révèlent le temps passé quotidiennement sur différents écrans, selon les déclarations des parents.
Pour lire le reste de cet article, qui représente 55,34% du contenu total, vous devez être abonné.