Alors que l’élection approche, les candidats se préparent pour une éventuelle entrée au Parlement européen. Les sondages indiquent que les partis associés aux groupes Conservateurs et réformistes européens (ECR) et Identité et démocratie (ID), y compris le Rassemblement national, pourraient émerger comme les troisième et quatrième puissances politiques du Parlement européen.
Lors des élections européennes de 2019, l’extrême droite a réalisé une percée sans précédent, en particulier en Italie (34 % pour la Ligue de Matteo Salvini) et en France (le Rassemblement national est arrivé en tête). Dans une dizaine d’autres pays membres, l’extrême droite a obtenu des scores entre 10 % et 20 %, augmentant ainsi son nombre de sièges de 37 à 115 dans l’hémicycle.
En 2019, cinq partis d’extrême droite ont été inclus dans des coalitions gouvernementales, dont un seul, le Parti de la liberté (FPÖ) autrichien, a pris le pouvoir. Sur une trentaine de partis d’extrême droite candidats aux élections européennes en juin, sept sont suffisamment puissants pour participer à la gouvernance de leur pays : l’extrême droite a formé une coalition en Suède, en Finlande et en Slovaquie, et pourrait le faire dans les prochaines semaines en Croatie et aux Pays-Bas si les négociations aboutissent. Enfin, elle dirige le gouvernement en Hongrie et en Italie.
Catherine Fieschi, experte en extrémisme au sein du cabinet de conseil Counterpoint, souligne que l’émergence de la coalition dirigée par Giorgia Meloni constitue l’un des changements majeurs depuis 2019. Des partis tels que Fratelli d’Italia et le PiS polonais ont normalisé leur relation avec Bruxelles et soutenu l’Ukraine, renforçant ainsi le groupe des Conservateurs et réformistes européens. Ce fait a facilité le rapprochement de ces partis avec une droite qui s’est durcie, notamment Les Républicains en France ou la CDU en Allemagne, explique l’analyste politique.
Un autre développement récent est que le Fidesz hongrois s’est graduellement transformé en une formation d’extrême droite revendiquée. Par opposition aux partis atlantistes tels que Fratelli d’Italia et le PiS polonais, il représente désormais un courant autoritaire et pro-russe qui étend son influence jusqu’en Slovaquie, République Tchèque et Bulgarie.
En Bulgarie, à Chypre et au Portugal, pays où l’extrême droite était jusqu’alors faiblement présente, une percée notable a été opérée. Au Portugal, le parti Chega (qui signifie « ça suffit » en portugais) est parvenu en quelques années à devenir la troisième force politique du pays.
Dans les pays où l’extrême droite reste marginalisée ou même absente, des discours xénophobes sont parfois véhiculés par d’autres partis. Ainsi, en Slovénie, le parti conservateur a adopté des thèmes de l’extrême droite. En Irlande, où aucun parti d’extrême droite n’a pu obtenir de sièges au parlement, des campagnes anti-immigration violentes commencent à influencer le débat public.
Selon Cas Mudde, professeur en affaires internationales à l’Université de Géorgie aux États-Unis, on observe une affiliation croissante entre la droite et l’extrême droite, illustrée institutionnellement par l’augmentation des coalitions gouvernementales incorporant les groupes les plus radicaux. Cependant, ce spécialiste de l’extrême droite en Europe prévoit que les élections de juin reflèteront probablement une ascension stable de l’extrême droite plutôt qu’un bond significatif.
Un aperçu des principaux partis politiques d’extrême droite ou populistes des vingt-sept pays européens est présenté ci-dessous, montrant leur tendance électorale sur les quinze dernières années, lors des élections européennes et des principaux votes nationaux.
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