Un événement sinistre peut parfois changer le cours de la vie d’une personne. C’est le cas pour Bertrand Duplat. Cet ingénieur en robotique consacre tous ses efforts à la création d’un microrobot capable de se mouvoir dans le cerveau humain, d’effectuer des biopsies et d’administrer des traitements. Son implication dans cette mission découle du choc de la perte de sa mère en 2007, due à un glioblastome, le type de tumeur cérébrale le plus intraitable. « Elle était incurable. J’ai vu à quel point l’impuissance était dévastatrice. Ce microrobot, c’est maintenant le centre de ma vie, » dit-il avec retenue.
Sa start-up Robeauté, créée en 2017, se veut l’incarnation d’un rêve ancien, celui de pouvoir explorer le cerveau humain. Cette idée rappelle un peu Le Voyage fantastique, un film de Richard Fleischer sorti en 1966 et qui a marqué le jeune Bertrand Duplat. Dans ce film, des scientifiques miniaturisés pénètrent à bord d’un nanosous-marin dans le corps d’un homme pour détruire un caillot sanguin dans le cerveau. Fan de science-fiction, le visionnage de ce film fut pour lui un véritable « électrochoc ».
Toujours passionné par la science-fiction, il revendique l’influence de magazines tels que Pif Gadget et Metal hurlant dans sa formation. Dans son curriculum vitae sur LinkedIn, il n’hésite pas à mentionner ces deux lectures, juste avant de citer ses études à l’Ecole nationale supérieure de technologies avancées (Ensta) et ses recherches à l’Université McGill à Montréal.
Sept années se sont écoulées depuis la fondation de Robeauté et son robot minuscule de 1.8 millimètres de diamètre, ressemblant à une mini fusée, est sur le point de bouleverser le domaine de la neurochirurgie. Cette innovation, faite de plusieurs matériaux, comprend un moteur qui facilite son déplacement dans le cerveau, une sorte de GPS pour diriger son trajet et enfin, un système de géolocalisation. Le robot sera injecté dans le crâne par un orifice de 3 à 4 millimètres et il en resortira par le même trou, mais en sens inverse, après son voyage à une vitesse d’environ 3 millimètres par minute.
Durant ce processus innovateur, l’équipe a consacré beaucoup de temps sur la technologie, notamment sur l’intégration du moteur à l’intérieur du robot pour lui permettre de fonctionner sans grands équipements externes, a souligné Bertrand Duplat. Connecté à l’extérieur par un câble d’alimentation, ce microrobot est capable de transporter médicaments ou électrodes et les déposer à un emplacement exact. Ainsi, en utilisant ce robot pour administrer localement des médicaments ou une stimulation électrique, Bertrand Duplat envisage de traiter des maladies telles que le cancer, la maladie de Parkinson et d’autres affections neurodégénératives.
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