Le premier KFC d’Algérie, inauguré le 14 avril à Dely Brahim, un quartier situé à l’ouest d’Alger, a été au centre d’une controverse importante dès le jour de son inauguration, alimentant une discussion passionnée sur les plateformes en ligne. Une foule d’aficionados de poulet frit s’est rendue au restaurant, tandis que des activistes pro-palestiniens se sont regroupés à l’extérieur de l’établissement, appelant au boycott du KFC, l’accusant de soutenir Israël. Après une fermeture de deux jours, le restaurant a rouvert, mais sans afficher son célèbre logo.
Le compromis semble avoir été trouvé entre les Algériens anti-impérialistes qui pointent du doigt la marque au motif qu’elle soutient le conflit israélien contre les Palestiniens, et les Algériens de la classe moyenne moderne, ravis d’avoir leur propre KFC local à une époque où les visas européens deviennent de plus en plus difficile à obtenir, comme le souligne, avec une pointe de sarcasme, une journaliste. Les autorités, qui ne permettent aucune manifestation publique, ont rapidement dispersé le rassemblement, qu’on dit avoir été orchestré par un petit parti islamiste pro-gouvernement, le Mouvement El-Bina d’Abdelkader Bengrina, qui n’a pas revendiqué ce mouvement contestataire. « Je ne suis pas sûr si c’est le cas, mais la manifestation était menée par une quarantaine de femmes portant le hijab, soutenues par quelques hommes », rapporte un témoin.
KFC avait annoncé son arrivée en Algérie en juin 2023, ce qui a marqué l’introduction d’une chaîne alimentaire internationale dans ce pays africain qui en avait peu jusqu’alors. Il avait même initié une campagne de recrutement sur les plateformes de médias sociaux. À l’époque, les opposants au projet avaient mis en avant des objections purement économiques, arguant que ses principaux ingrédients – huile végétale, pommes de terre et poulet – étaient des produits aux prix volatils.
Cependant, la réponse violente d’Israël à Gaza a changé la donne. L’ouverture de KFC en Algérie est devenue controversée, certains estimant qu’il aurait plus d’effet de fermer un KFC à Alger que les dommages causés par une attaque de 200 drones et une cinquantaine de missiles, une référence à une offensive menée par Téhéran suite à un bombardement mortel attribué à Israël sur le consulat iranien à Damas.
Ce n’est pas la première fois que la grande chaîne américaine est prise pour cible. Au Pakistan, une cinquantaine de personnes ont été arrêtées le 30 mars, après qu’une foule hostile chantant des slogans anti-israéliens ait détruit et incendié un KFC à Mirpur (nord-est), situé dans la région du Cachemire contrôlée par Islamabad. Selon la police, certains manifestants étaient membres du Tehrik-e-Labbaik Pakistan (TLP), un groupe islamiste à l’origine de violentes protestations anti-françaises en 2020 et 2021.