À la naissance du mois d’avril, Maryam, une Palestinienne résidant à Gaza qui a été rapatriée en France avec son conjoint en novembre 2023, a choisi de ne pas conduire ses trois enfants à l’école ce mercredi. Elle doit consacrer sa journée à la remise en état de leur nouvel appartement, acquis la journée précédente dans une municipalité du sud-ouest français. « Le mercredi, l’école pour mes garçons se limite à la matinée. Pour les y conduire et les ramener, il me faut presque quatre heures en bus. J’ai donc sollicité leur maîtresse pour qu’ils puissent rester à la maison aujourd’hui », confie cette femme de 42 ans, qui, comme beaucoup d’autres Gazaouis mentionnés dans ce texte, choisit de recourir à un pseudonyme.
Le trio d’enfants de Maryam, de jeunes triplés de justement 6 ans, sont vêtus de leur pyjama et s’amusent avec un jeu de karaté en ligne sur leur tablette pendant que leur mère déballe des cartons. Pendant ce temps, Sami, son conjoint aux origines franco-palestiniennes, fume une cigarette après l’autre alors qu’un technicien vient installer internet et configurer leur nouvelle télévision. « Si on a Gulli, ça ira, lance Sami, qui a 55 ans. Depuis qu’ils sont en France, les garçons passent leur temps à regarder des dessins animés sur cette chaîne. »
La première nuit que cette famille a vécu dans leur nouvel appartement, situé au quatrième étage d’un immeuble, était du mardi au mercredi. Pendant près de cinq mois précédents, Sami et sa famille ont vécu dans un appart-hôtel loin du centre-ville. Atteint d’une affection génétique rare, qui a conduit à l’amputation de ses deux jambes au niveau des genoux, Sami a dû lutter au quotidien dans son ancien logement. Il parle des difficultés qu’il a rencontrées, notamment pour accompagner ses enfants à l’arrêt de bus situé à une dizaine de minutes de marche en montée et les défis de se déplacer lorsque l’itinéraire est devenu glissant sous la pluie. Il souligne également ses prothèses endommagées et attend avec impatience sa carte Vitale et la carte mobilité inclusion réservée aux individus handicapés ou âgés en perte d’autonomie.
Fils de fermiers qui ont dû quitter leur ferme près d’Ashkelon, au nord de Gaza, lors de la création de l’État d’Israël en 1948, Sami a obtenu son éducation supérieure en France à partir de 1987 et a décroché son diplôme de troisième cycle de la Sorbonne. Après avoir assumé plusieurs rôles en tant que travailleur humanitaire en Afrique, en Jordanie et au Yémen, en 2010, il retourne à Gaza pour travailler pour une ONG.
Quand le conflit a commencé le 7 octobre 2023 suite à l’assaut du Hamas contre Israël qui a répliqué, la famille de Sami, à l’instar de nombreuses autres, a trouvé refuge au sud de la bande de Gaza, précisément à Khan Younès et ensuite à Rafah. Finalement, ils ont été évacués vers l’Egypte avant de prendre un vol pour la France. Sami a suggéré de se relocaliser avec sa famille dans le Sud-Ouest de la France afin d’être proche d’un neveu et de plusieurs amis. Malgré la distance, il maintient la supervision des travaux de son ONG située à Gaza.
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