Dans une démarche sortant de l’ordinaire, Gabriel Attal, a conduit une forte campagne de communication le jeudi 18 avril pour souligner ses cent premiers jours à la tête du gouvernement. Il a lancé un appel à « la mobilisation universelle du pays » contre l’augmentation de la violence chez les jeunes sur le parvis de la mairie de Viry-Châtillon (Essonne). Bien qu’il ait passé deux heures à répondre aux interrogations des journalistes de BFM-TV, il n’a pas occulté le fait que la situation actuelle est « complexée ».
Au début de l’année, il a été désigné pour essayer de « rénover » le deuxième mandat d’Emmanuel Macron, chargé de réformes difficiles des retraites et du projet de loi sur l’immigration. En tant que le premier ministre le plus jeune de la Ve République, Attal a réalisé combien la tâche était immense. Bien sûr, sa popularité qui a joué en sa faveur lors de sa nomination n’a pas connu de baisse significative. Cependant, elle n’a pas déclenché l’effet domino espéré: la politique de l’exécutif demeure largement inconnue et la majorité semble fortement compromise en vue des élections européennes.
La fureur des agriculteurs qui a conduit à une reculade rapide sur certaines normes environnementales, l’aggravation soudaine du déficit public suscitant des doutes sur la crédibilité économique du gouvernement et la tension croissante au sein de l’administration expliquent en partie les obstacles rencontrés. La méthode que Gabriel Attal a testée lors de son passage au ministère de l’éducation nationale pour tenter de répondre à la défiance politique, qui consistait à apporter rapidement des solutions à des problèmes avérés, s’est avérée inefficace à Matignon, où les imprévus surgissent constamment.
Le Parlement a été mis de côté.
Inévitablement, les facteurs qui ont initialement affaibli Elisabeth Borne n’ont toujours pas disparu. L’électorat de la majorité n’a pas augmenté. Depuis qu’il a été nommé, Gabriel Attal reste sous la menace constante d’une motion de censure qui pourrait faire de lui le Premier ministre le plus bref de ce régime. Pour cette raison, le Parlement a été adroitement évité lorsqu’il s’agit de questions budgétaires, risquant d’augmenter l’hostilité des opposants et de renforcer le sentiment d’isolement du gouvernement. À mesure que la situation économique s’aggrave, l’exécutif semble s’accrocher à une position qui l’éloigne également des syndicats : la réforme proposée de l’assurance-chômage est considérée par les syndicats comme la dernière provocation.
Au lieu d’essayer de rétablir un équilibre, Gabriel Attal a opté pour mettre l’accent sur la question de l’ordre. Issu des rangs du Parti socialiste, il a adopté sans hésitation, dans son discours à Viry-Châtillon, la rhétorique typique de Sarkozy. Il a critiqué les « professionnels de l’excuse », appelé à un « sursaut d’autorité », pensant répondre aux besoins d’une majorité silencieuse dominée par la peur. Lutter contre la montée du RN reste la priorité, mais cela pourrait involontairement lui apporter du soutien. Les électeurs de gauche qui avaient autrefois soutenu Emmanuel Macron se sentent de plus en plus déconcertés.
Il est possible d’accorder une certaine clairvoyance au premier ministre, qui se montre décidé à « s’attaquer aux soucis mineurs des citoyens français » tout en reconnaissant la complication d’y parvenir. Gabriel Attal semble souhaiter que le débat autour des élections européennes se limite au contexte européen, passant ainsi la responsabilité à Emmanuel Macron, attendu pour se prononcer sur le sujet la semaine à venir. Ceci pourrait être interprété comme une acceptation du fait que si les discussions continuaient à se focaliser uniquement sur le contexte français, la tâche serait plus ardue pour lui.
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