L’ébranlement est grand au sein de l’église corse. Le diacre Pierre-Jean Franceschi, âgé de 63 ans, a été mis en accusation ce 18 avril et placé sous surveillance judiciaire suite à des incidents relatifs à un foyer pour personnes âgées illégal à Penta-di-Casinca (Haute-Corse). M. Franceschi avait été détenu en garde à vue le 16 avril. Il est accusé de « gestion non déclarée préalablement d’un établissement réservé aux personnes âgées, du travail sous le manteau, du blanchiment d’argent provenant de travail dissimulé et de fraude fiscale aggravée », selon ce que confirmé par le procureur de la République à Bastia, Jean-Philippe Navarre, au journal Le Monde. Des accusations qui s’accompagnent du besoin de payer une caution de 50 000 euros, a précisé le représentant du ministère public, indiquant que l’homme d’église est « connu de la justice pour d’autres incidents », sans donner de détails à ce sujet.
Comme le rapporté Le Parisien et confirmé par le parquet, les doutes de la justice ont vu le jour en novembre 2021, après une enquête sur la disparition inquiétante d’une vieille dame de 97 ans, qui a finalement été retrouvée saine et sauve quelques heures plus tard dans une grande maison composée d’une dizaine d’appartements à Penta-di-Casinca, un village de 3 300 résidents à 35 km au sud de Bastia. Les gendarmes et les officiers du GIR se sont alors posé des questions sur l’approbation de l’établissement et ont mené des recherches discrètes aboutissant à l’ouverture d’une enquête préliminaire.
L’enquête révèle que l’individu concerné dirigeait depuis plusieurs années une affaire lucrative, offrant des services de prise en charge de personnes âgées et dépendantes sans notification préalable aux autorités compétentes, en contravention avec le code de l’action sociale, comme noté par le procureur Navarre. « Il a admis qu’il s’occupait de ces individus sans demander l’autorisation nécessaire », a-t-il ajouté. De nombreux détails restent à clarifier par le processus juridique en cours menée par un juge de Bastia. Premièrement, la nature légale de cette demeure dont le diacre avait la jouissance, selon M. Navarre.
« Colocation dans une maison familiale »
Aucune indication de mauvais traitement n’a été signalée jusqu’à présent, mais il a été révélé par le bureau du procureur qu’un résident avait été réaffecté dans un Ehpad, et que les services sociaux ainsi que les autorités préfectorales avaient été informées de la situation pour les autres résidents.
La défense conteste l’existence d’une maison de retraite non déclarée. « La plainte est une interprétation des faits, mais nos enquêtes soutiendront notre position », déclare Me Jean-Louis Seatelli, l’avocat du diacre, au Monde. Selon lui, il s’agissait en réalité d’une « colocation au sein d’une maison familiale, enregistrée auprès des services fiscaux avec les noms des colocataires, et en aucun cas d’une maison de retraite ».
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