Est-ce que la carrière politique du sénateur Stéphane Ravier, de Bouches-du-Rhône (parti Reconquête !), prendra fin à cause de l’embauche de son fils en tant que saisonnier par la Ville de Marseille ? Le mercredi 17 avril, une sentence comprenant une peine d’emprisonnement de douze mois avec sursis, une amende de 20 000 euros et surtout cinq ans inéligibilité a été demandée contre le sénateur, qui nie toute intervention en faveur de son fils.
En juillet 2015, Thomas Ravier, 20 ans à l’époque, sans formation supérieure et chômeur depuis deux ans, enchaînant les petits emplois comme livreur ou travail occasionnel sur des chantiers, a décidé de contacter le service recrutement de la municipalité de Marseille. « On m’a indiqué que la Ville recrutait durant l’été, j’ai postulé et on m’a rappelé », explique le jeune homme, embauché pour un mois en tant que travailleur saisonnier aux espaces verts, puis prolongé jusqu’en 2020, année de sa titularisation, et encore aujourd’hui responsable de l’entretien du boulodrome de Sainte-Marthe. « J’ai été engagé et traité comme un citoyen normal, il n’y avait pas de favoritisme », assure-t-il au tribunal qui l’a jugé pour complicité de prise illégale d’intérêts, accusation dont son père a été l’objet lorsqu’il était le maire (alors sous le Front national) des 13e et 14e arrondissements de Marseille.
L’Agence française anticorruption avait lancé une enquête le 2 décembre 2021 suite à une lettre adressée au procureur de la République, alléguant des emplois familiaux au sein de la municipalité de Marseille. Stéphane Ravier admet avoir informé son fils qu’il y avait probablement des opportunités dans le secteur public et que son fils avait le droit de postuler.
Il a été suggéré que tout le monde n’a pas accès au chef de cabinet du maire de Marseille, faisant allusion aux déclarations faites par Claude Bertrand, un proche collaborateur de longue date du maire Jean-Claude Gaudin et son chef de cabinet de 1995 à 2020. Bertrand confirme que Ravier a mentionné la candidature de son fils à lui. Ravier soutient qu’il cherchait à comprendre le processus de candidature, et non à faire embaucher son fils Thomas.
Bertrand a lui-même donné l’ordre d’embaucher le fils de l’adversaire politique, affirmant que c’était Ravier qui avait poussé pour l’embauche de son fils. « Si ce n’était pas Ravier, qui donc ? » a avancé Bertrand, soulignant qu’aucune faveur n’avait été demandée en retour. « Je n’ai jamais utilisé cette embauche comme un instrument politique contre le père, » avait-t-il déclaré. Le contrat de travail initial avait été signé par Gaudin.
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