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« Malnutrition des enfants au Sahel s’aggrave »

En février, le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) a désigné Gilles Fagninou comme directeur régional pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre. Il tire la sonnette d’alarme sur la dégradation de la condition des enfants, spécifiquement dans la région du Sahel.

Qu’en est-il de la prévalence de la malnutrition chez les enfants en Afrique de l’Ouest et du Centre ?
Dans les six pays du Sahel – Mali, Burkina Faso, Niger, Tchad, Sénégal et Mauritanie, le nombre d’enfants sous l’âge de cinq ans souffrant de malnutrition aiguë est désormais de 6,9 millions, soit une augmentation de 2,6 millions depuis 2023. De ce nombre, 1,4 million sont gravement atteints, avec un risque élevé de mortalité. En prenant en compte l’ensemble de la population – adultes compris – des dix-sept pays de cette région, le nombre de personnes vivant dans l’insécurité alimentaire est passé de 29,5 millions en mars-avril 2023 à 38 millions au même moment cette année. De plus, ce chiffre pourrait atteindre 52 millions pendant la période de soudure qui précède les récoltes agricoles.

Qu’est-ce qui provoque une telle dégradation ?
L’Afrique de l’Ouest et du Centre est confrontée à une multiditude de problèmes contribuant à la progression de l’insécurité alimentaire. Le réchauffement climatique en tête de liste. Actuellement, des températures record de plus de 45 degrés sont observées. Le 3 avril, la température a atteint 48,5 degrés à Kayes, au Mali, un record inégalé pour le pays et pour le continent africain tout entier durant le mois d’avril.

La région du Sahel a connu une augmentation de l’instabilité ces dernières années, marquée par des renversements politiques et des coups d’État. De nombreux résidents ont été déracinés, entraînant la fermeture de 12 000 à 13 000 écoles. Ainsi, environ 28% des enfants en âge de fréquenter l’école ne sont plus scolarisés, soit un total de 39 millions d’enfants sans accès à l’éducation, les exposant potentiellement à des groupes hostiles.

La région subit aussi les répercussions des crises mondiales. Par exemple, le conflit entre la Russie et l’Ukraine, qui a débuté en février 2022, a considérablement affecté l’importation de céréales et, plus particulièrement, la fourniture d’engrais. Bien que l’impact de cette guerre ne soit pas aussi important qu’en 2022, les prix des aliments restent très liés aux coûts mondiaux de l’énergie.

L’insécurité dans le Sahel a des implications significatives sur le travail de l’Unicef dans la région. En effet, elle double ou même triple le coût des interventions humanitaires. L’organisation a dû mettre en place des arrangements avec des groupes locaux pour obtenir des informations sur la situation et maintenir le contact avec les enfants afin de leur fournir l’aide nécessaire. De plus, l’augmentation du coût des interventions humanitaires coïncide avec une multiplication des crises, obligeant l’Unicef à répartir son budget entre un plus grand nombre de pays. Il reste 56,57% de cet article à lire pour les abonnés.

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