La « Loi sur le Tabac et les Vapes », un des textes les plus inattendus et radicaux proposés par le gouvernement conservateur de Rishi Sunak, a été adoptée en première lecture à la Chambre des communes le mardi 16 avril. Cette proposition législative tranche avec la philosophie libertarienne communément soutenue par les conservateurs. Son objectif est d’établir une interdiction complète de la vente de cigarettes aux individus vivant au Royaume-Uni et nés après le 1er janvier 2009, qui auront au maximum 15 ans cette année.
Actuellement, l’âge minimum pour l’achat de tabac au Royaume-Uni est de 18 ans. Si ce projet de loi est approuvé, toutes les personnes nées après le 1er janvier 2009 se verraient refuser l’achat de cigarettes une fois devenues majeures, cette interdiction serait valable pour toute leur vie sur le territoire britannique. Cela représenterait une première à l’échelle mondiale. La Nouvelle-Zélande est le seul pays qui a envisagé une telle mesure, avant que celle-ci soit abandonnée par un gouvernement conservateur récemment élu en février.
La vente de produits du tabac (cigarettes, cigares, etc.) à ces générations post-2009 serait considérée comme une infraction. La proposition de loi étend aussi l’interdiction actuelle de vente de vapes et de recharges aux mineurs aux produits sans nicotine. En outre, elle donne le pouvoir aux ministres compétents d’endurcir la régulation pour restreindre les saveurs des recharges et rendre les emballages des produits moins attrayants.
Le gouvernement de Sunak affirme avoir pour objectif de « protéger les futures générations » des méfaits du tabac. D’après des statistiques officielles fournies par Downing Street, le tabac est la « première cause de décès évitable » dans le pays, causant la mort de deux tiers des fumeurs intensifs et provoquant 80 000 décès chaque année. L’hôpital public est lourdement sollicité : « presque chaque minute », un patient est hospitalisé pour des problèmes liés à la consommation de tabac, détaille l’évaluation de l’impact associée au projet de loi.
Jusqu’à 75 000 consultations chez le médecin généraliste par mois sont liées au tabac. « Si vous soutenez le libre choix, vous devriez vous opposer à quelque chose qui vous prive de ce choix », insistait mardi Sir Chris Whitty, le médecin en chef pour l’Angleterre, dans les médias britanniques. Il faisait référence à la dépendance à la nicotine et soutenait fermement le projet de loi.
Il y a des critiques contre le « Nanny State »
« Lorsque j’étais un jeune docteur, je me souviens de cas tragiques de personnes dont nous devions amputer une jambe à cause des dommages causés à leurs artères par la cigarette », a ajouté l’expert, qui est devenu une figure publique bien connue et respectée en Grande-Bretagne pour avoir animé des bulletins de santé presque quotidiens pendant la pandémie de Covid-19. Le projet de loi est personnellement défendu par le premier ministre Rishi Sunak qui, malgré ses convictions libérales, fait une dérogation étonnante à l’aversion presque instinctive des Tories pour le « Nanny State » (« l’Etat nounou ») – l’intervention de l’État dans la sphère privée.
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