Salman Rushdie, l’écrivain américano-britannique, était prêt à faire une conférence à New York le 12 août 2022, lorsque, de nul part, une attaque a été lancée contre lui. Dans son livre « Le Couteau. Réflexions suite à une tentative d’assassinat », il décrit l’approche menaçante d’un homme entièrement vêtu de noir. Cette attaque fut le dénouement d’une menace qui date de 33 ans, lorsque l’ayatollah Khomeyni a prononcé une fatwa, condamnant à mort Salman Rushdie, ses éditeurs et ses traducteurs, suite à la publication de son roman, Les Versets sataniques. Cette condamnation a provoqué une série d’actes de violents à travers le monde, y compris des autodafés de masse et des attentats contre les librairies. En Italie, Ettore Capriolo, l’un des traducteurs de Rushdie, a été poignardé mais a survécu, tandis qu’au Japon, Hitoshi Igarashi, un autre traducteur, a été assassiné à coups de couteau dans un ascenseur. En Norvège, l’éditeur William Nygaard a survécu de justesse à une attaque par balles. Le livre de Rushdie sortira le 18 avril.
« Miracle », c’est le terme qui caractérise Le Couteau. Rushdie, bien qu’athée convaincu, se retrouve forcé à y croire. Le « missile » l’a blessé à quinze reprises, atteignant les bras, le cou, la poitrine et le visage, sectionnant les tendons de sa main et lui coûtant un œil. Sa vie a été mutilée mais pas éteinte, et cela constitue un miracle. Ce livre en est le témoignage et célèbre les petits miracles de la vie – retrouvailles amoureuses, familiales et amicales. La question qui se pose est de savoir si ce premier miracle existentiel peut engendrer un second miracle, de nature littéraire celui-ci. L’homme a survécu, mais qu’en est-il de l’écrivain ? Cette question souvent sous-jacente et parfois explicite apporte un sentiment d’inquiétude et d’intensité au livre.
Des passages chargés de douleur.
La réponse à la question n’est pas évidente. Bien sûr, Rushdie résiste. L’homme qui n’avait aucune protection policière le soir du 12 août avance maintenant sous bonne escorte, se fiant à ses écrivains préférés, Voltaire, Kafka, Kundera ou Auster. Tous l’aident à exprimer son épreuve. « Ce livre est cette prise de conscience. Je pense que c’est ma façon de posséder ce qui m’est arrivé, de le faire mien, de le transformer en mon propre travail », écrit-il. Rien n’est moins évident, cependant, et dès le début, on sent qu’une douleur persiste : Rushdie a été touché en plein cœur, affectant ainsi le tissu du texte et les racines de son écriture.
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