La dernière année écoulée détient le record des températures les plus élevées jamais mesurées sur Terre. Le changement climatique n’est donc plus seulement un danger pour le futur, mais il est de plus en plus prégnant dans notre quotidien. Cependant, ce n’est pas une situation que tout le monde vit de la même manière.
Les nations défavorisées sont souvent confrontées à des climats déjà excessivement chauds. Alors que le réchauffement climatique s’intensifie, ces pays subissent davantage l’impact des jours où le mercure grimpe à des niveaux difficilement supportables pour l’homme (au-delà de 35°C). En outre, la pauvreté rend l’adaptation encore plus complexe : dans un état comme le Texas, un travailleur de bureau peut facilement se déplacer de son logement climatisé à son bureau, lui aussi climatisé, dans sa voiture fraîche; mais quand le mercure atteint 35°C au Pakistan, les résidents ruraux ne disposent pas de climatisation chez eux et sont contraints d’effectuer des travaux manuels à l’extérieur par ces températures.
L’issue de la convergence de ces deux facteurs ne pourrait être plus catastrophique : les scientifiques du Global Impact Lab estiment que, d’ici 2100, si les émissions de gaz à effet de serre ne sont pas réduites, l’augmentation de température pourrait être à l’origine de six millions de décès supplémentaires chaque année. C’est plus que le nombre total de morts actuellement causés par toutes les maladies infectieuses combinées. De plus, cette hausse de la mortalité ne touchera quasi-exclusivement que les pays les plus démunis.
Il est injuste d’attribuer la responsabilité de la situation actuelle de réchauffement climatique à tous de manière égale. Les individus fortunés ont tendance à consommer davantage, participant ainsi à un taux d’émission de CO2 plus élevé, qu’il soit produit dans une usine en Chine ou sur une autoroute en France. Selon Lucas Chancel, un économiste français de Sciences Po, 50% des émissions sont causées par les 10% d’émetteurs les plus importants si l’on prend en compte l’empreinte carbone totale de chaque individu. A titre d’exemple, l’empreinte carbone d’un citoyen fortuné des États-Unis est 120 fois supérieure à celle d’un citoyen pauvre d’Afrique.
En conséquence, mercredi 17 avril, à l’initiative du Brésil, je présenterai lors de la réunion du G20 des ministres des finances, une proposition visant à collecter des fonds de façon durable afin de compenser les citoyens les plus démunis du monde et les soutenir dans leur adaptation au changement climatique. Il faut ainsi mettre un prix sur la vie humaine.
De façon combinée, les États-Unis et l’Europe ont une production totale de 14 milliards de tonnes de CO2 chaque année. Chaque tonne contribuant à l’élévation de la température de la Terre, ce qui entraîne des décès. Est-il envisageable de quantifier le fardeau financier que ces émissions infligent aux pays les moins développés ? Cela nous pousse à attribuer une valeur à la vie humaine, une pratique courante dans les institutions gouvernementales, pour déterminer par exemple, la valeur d’une sortie d’autoroute qui réduirait le nombre d’accidents. Par conséquent, l’Agence de Protection Environnementale aux États-Unis utilise aujourd’hui une valeur de 7 millions de dollars (soit 6,6 millions d’euros). En mettant en corrélation une estimation du coût d’une année de vie perdue, l’incidence sur les températures pour chaque tonne de CO2 et l’impact des températures sur le climat, les scientifiques ont réussi à déterminer la valeur financière de l’impact de chaque tonne de carbone sur la mortalité future. Ce chiffre est de 37 dollars.
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