Quasiment deux mois après l’éclatement de la crise qui a jeté Haïti dans le désarroi et a contraint le premier ministre, Ariel Henry, à déclarer sa démission, les neuf membres du Conseil présidentiel de transition ont été nommés officiellement le mardi 16 avril via un arrêté publié dans le journal Le Moniteur. Le rôle de cette entité est de rétablir l’ordre public et de gérer une transition politique dans ce pays en lutte contre la violence des gangs, forçant environ 100 000 citoyens haïtiens à quitter la capitale, Port-au-Prince.
Le Conseil a été créé le 12 avril par un décret signé par le très contesté premier ministre, M. Henry. M. Henry avait annoncé sa démission en mars, précisant que celle-ci ne serait effective que lorsque le conseil serait instauré et aurait nommé un premier ministre. Le premier décret indiquait également que les membres du Conseil présidentiel de transition devraient « promptement » désigner un premier ministre et former un gouvernement « inclusif ». « Le mandat du Conseil présidentiel de transition prend fin, au plus tard, le 7 février 2026 », mentionne le document.
Sans dévoiler le nom des membres, le premier décret demandait aux « personnalités désignées par les parties prenantes » de fournir des documents aux autorités pour approbation. Cela a provoqué des préoccupations parmi les neuf groupes et partis politiques représentés au sein du Conseil que certains membres pourraient être rejetés par le gouvernement.
Il n’y a pas eu d’élection en Haïti depuis 2016.
Le décret publié mardi dans Le Moniteur semble partiellement apaiser ces craintes, car il mentionne explicitement les noms des sept membres, qui représentent les principales forces politiques et le secteur privé, et deux observateurs sans droit de vote.
Le conseil comprend : Augustin Smith (un ex-diplomate); Gérald Gilles Louis (un médecin et ex-sénateur); Jean Fritz Alphonse (ex-gouverneur de la Banque Centrale d’Haïti); Edgard Fils Leblanc (ancien président du Sénat); Laurent Cyr-Saint (homme d’affaires); Vertilaire Emmanuel (un avocat) et Leslie Voltaire (un ancien fonctionnaire et diplomate). Frinel Joseph, un pasteur évangélique et Régine Abraham, une ancienne employée de la Banque mondiale, sont désignés comme membres observateurs sans droit de vote.
Néanmoins, le décret mentionne que les membres doivent fournir les documents requis dans un délai acceptable. En cas d’incapacité à respecter cet impératif, ils seront priés de renoncer à leur poste.
Ce conseil est chargé d’assurer une transition sans heurts lorsque M. Henry – qui a été nommé quelques jours avant le meurtre de Jovenel Moïse, le président en 2021 – démissionnera. Cela conduira à une élection présidentielle. Haïti n’a pas eu d’élection depuis 2016, sans président ni parlement en place. Au milieu de deux mois de crise, la capitale est encore à 80 % sous le contrôle de gangs criminels, accusés de commettre de nombreuses atrocités, notamment des meurtres, des viols, des pillages et des kidnappings en échange de rançons.
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