Le mardi 16 avril, l’administration canadienne a annoncé de nouveaux impôts ciblant les plus fortunés, dans le but de financer divers secteurs comme le logement, et d’attirer l’attention des jeunes, impactés par la hausse constante du coût de la vie. Chrystia Freeland, la ministre des finances, lors de la présentation de son budget fédéral, a anticipé plus de 20 milliards de dollars canadiens (approximativement 13,6 millions d’euros) en gains sur cinq ans, principalement via cette nouvelle taxe. Bien qu’elle prévoit un ralentissement de l’économie en 2024, elle croit qu’elle pourra échapper à la récession, malgré les taux d’intérêt élevés qui pèse sur l’économie.
La majorité des nouvelles dépenses seront dirigées vers l’éducation, le logement et l’emploi, tous des domaines qui agissent comme des points sensibles pour les électeurs les plus jeunes. Avec un retard de plus de 10 points par rapport à son principal opposant, le conservateur Pierre Poilievre, Justin Trudeau, le premier ministre libéral, doit reconquérir le vote des jeunes Canadiens qui l’avaient aidé à prendre le pouvoir en 2015, pour remporter les futures élections dans plus d’un an.
Pour la jeune génération, le « travail acharné ne paye pas ses dividendes ». « Aujourd’hui, un charpentier ou une infirmière pourrait payer un taux d’imposition marginal plus élevé qu’un multimillionnaire. C’est injuste. Cela doit être rectifié, et cela le sera », a affirmé Mme Freeland mardi. Elle a ensuite promis « l’égalité pour chaque génération ».
En partageant son inquiétude sur le fait que beaucoup de jeunes Canadiens, particulièrement ceux de la génération des millénaires et de la génération Z, ont le sentiment que leur travail acharné n’est pas récompensé, elle a exprimé que ces individus ne jouissent pas des mêmes conditions de vie que leurs parents et grands-parents. En raison de l’augmentation des coûts de la vie, une préoccupation majeure pour la plupart des Canadiens, le budget de Mme Freeland comprend un certain nombre de nouvelles dépenses pour alléger le fardeau financier des ménages.
Face à la crise du logement actuelle, le gouvernement s’est engagé à construire 3,87 millions de nouveaux logements d’ici 2031, une initiative d’une ampleur et d’un rythme sans précédent depuis l’après Seconde Guerre mondiale, a annoncé Mme Freeland au parlement. Dans cet effort, Ottawa mettra à disposition des terrains publics pour la construction de logements, transformera des bureaux fédéraux en appartements, et imposera une taxe sur les logements vacants.
Bien que les prix des nouvelles constructions aient légèrement diminué en mars, cette baisse n’a pas suffi à compenser l’augmentation des taux hypothécaires qui a rendu l’accès à la propriété plus difficile pour de nombreux nouveaux acheteurs. L’inflation a été inférieure à 3% depuis janvier, sans toutefois provoquer une réduction des taux d’intérêt fixés par la Banque du Canada pour l’instant.
Le budget comprend également des fonds pour un programme de contraception gratuite, des augmentations de budget pour faire face aux incendies de forêt et davantage de ressources pour contrer l’ingérence étrangère. En anticipation d’une saison d’incendie potentiellement désastreuse, Ottawa a également doublé le crédit d’impôt pour les pompiers volontaires.
En se basant sur les nouvelles estimations des économistes consultés par le gouvernement, on note une augmentation des prédictions de croissance, passant désormais à 0,7% pour cette année au lieu des 0,5% prévus dans le rapport économique de novembre. Mme Freeland a précisé une légère hausse de la dette nationale au cours de l’exercice financier 2024-2025, atteignant un sommet sans précédent de 1 300 milliards de dollars canadiens.
Il est prévu que le ratio dette/PIB du Canada se réduise à 41,9%. Concernant le déficit, il serait légèrement inférieur aux prévisions, s’élevant à 39,8 milliards de dollars canadiens, et il devrait se stabiliser avant d’amorcer une baisse en 2026-2027.