Mardi 16 avril, les autorités de Bruxelles ont mis fin à une assemblée polémique de la National Conservatism Conference (NatCon), un rassemblement de représentants de la droite nationaliste, à l’approche des élections européennes. La décision a été vivement critiquée par les centaines de personnes présentes dans la salle, y compris des députés européens nationalistes et des conservateurs eurosceptiques.
Le natCon a subi deux annulations dans des lieux prévus pour accueillir l’événement lors des derniers jours. Le site de la troisième annulation a eu lieu mardi à la mi-journée, à Saint-Josse-ten-Noode, une commune de la région bruxelloise. Emir Kir, le maire de Saint-Josse, a annoncé sur Facebook qu’un interdit a été mis en place pour « assurer la sécurité publique ». Il a ajouté que « l’extrême droite n’est pas bienvenue ».
Plusieurs personnalités de l’extrême droite européenne et de la droite conservatrice étaient attendues pour un événement de deux jours, dont l’ancien candidat à la présidence française, Eric Zemmour, le britannique Nigel Farage et le premier ministre hongrois, Viktor Orban, qui devait être à l’honneur le mercredi.
Nigel Farage, avec l’ancienne ministre britannique Suella Braverman, était parmi les orateurs du premier jour de l’événement prévu. Farage, fervent supporter du Brexit, a critiqué la décision, la qualifiant d' »ancien communisme ». Selon lui, la logique était: « si tu n’es pas d’accord avec moi, tu devrais être interdit ».
Aux environs de 15 h 30, Eric Zemmour, polémiste français, s’est vu refuser l’accès à la salle de conférence, encadré par des caméras et des policiers. Il a par la suite décrié une « dictature ». Un contingent de forces de l’ordre gardait l’entrée, mais le départ des personnes déjà à l’intérieur n’a pas été requis par les autorités, selon les informations d’une équipe de l’Agence France-Presse (AFP).
Viktor Orban, le leader nationaliste hongrois, a regretté la violation de la liberté d’expression, faisant référence à l’ère soviétique en citant, « La dernière fois que la police a essayé de me réduire au silence, c’était en 1988, sous les communistes ».
Le nombre croissant de conservateurs ultra est notable. Une protestation organisée par le collectif d’associations nommé Coordination antifasciste de Belgique, a été prévue pour la fin de la journée devant le site. La police locale a assuré à l’AFP qu’elle prendrait toutes les précautions requises pour empêcher tout désordre public.
Initialement, la NatCon devait se tenir dans une salle de réception dans le quartier européen à Bruxelles, mais cette idée a été mise de côté le vendredi précédent par les organisateurs à cause des hésitations du maire de la ville, Philippe Close. Une relocalisation dans la commune voisine d’Etterbeek avait été annoncée le lundi suivant, la commune soutenant que l’hôtel Sofitel avait reçu des informations incorrectes sur la nature de l’événement.
Emir Kir a exprimé sa surprise quand le rendez-vous a été finalement transféré à Saint-Josse, proche du quartier européen, par le groupe de réflexion Mathias Corvinus Collegium (MCC), co-organisateur de l’événement.
À l’approche de la refonte du Parlement européen, qui se déroulera via un vote dans les 27 pays membres entre le 6 et le 9 juin, nous observons un rassemblement nationaliste et eurosceptique qui se produit sur la base d’une influence croissante de cette orientation politique dans de nombreux pays européens.
Il y a deux divisions politiques dominantes au sein de ces forces au Parlement : les Conservateurs et réformistes européens (ECR), et Identité et démocratie (ID). Bien qu’ils partagent tous deux une rhétorique anti-immigration, ces groupes traversent des tensions internes, en particulier liées à leur position respective face à Moscou dans le conflit ukrainien.
Plusieurs experts prévoient qu’après le 9 juin, l’un de ces groupes pourrait émerger en tant que troisième force politique du Parlement de Strasbourg, succédant aux pro-européens de droite (PPE) et aux socialistes.
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