Les réfugiés soudanais sont accueillis par une chaleur sèche et brûlante au point de passage frontalier d’Adré. Près de 600 000 personnes ont sollicité asile au Tchad au cours de l’année écoulée, suite à la bataille politique mortelle à Khartoum entre les deux généraux Abdel Fattah Al-Bourhane et Mohammed Hamdan Daglo, surnommé « Hemetti ». Parmi les réfugiés se trouve Khadija Abdallah, âgée de 25 ans, qui se soumet aux contrôles de police dans une petite voiture tirée par un cheval exténué. Originaire d’une région rurale près d’Al-Geneina, la capitale du Darfour occidental, elle a déclaré qu’il n’y avait plus de nourriture et qu’ils n’avaient d’autre option que de fuir.
Les premiers arrivants au Tchad au printemps 2023 fuyaient principalement les luttes urbaines et les massacres à grande échelle au Darfour. Cependant, les nouvelles vagues de réfugiés sont motivées par la faim qui sévit dans les zones rurales, régions de pillages et d’extorsions par les milices. Avec un conflit qui a rendu l’agriculture presque impossible, l’ONU rapporte que plus de 18 millions de Soudanais sont maintenant confrontés à une insécurité alimentaire.
Le responsable de la protection du Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR), Casimir Koudjimbaye, a confirmé que le nombre d’arrivées était désormais supérieur à 10 000 en mars, avec une augmentation significative des enfants souffrant de malnutrition. Khadija Abdallah, prise en charge par le HCR, est guidée dans le processus pour demander l’asile au Tchad. Une fois son enregistrement effectué, elle obtiendra une ration d’urgence du Programme alimentaire mondial (PAM), qui comprend plusieurs kilos de céréales, un peu de sel et du savon.
Cependant, Vanessa Boi, officier d’urgence au PAM, admet que la quantité de rations est insuffisante lorsqu’elle prépare des sacs de nourriture. En effet, ces rations sont destinées à durer quatre jours jusqu’à ce que les grandes distributions mensuelles aient lieu. Malheureusement, à cause du manque de financement, il est actuellement impossible de préciser si ces distributions auront lieu et quand.
Dans cette situation précaire, nombreux sont les réfugiés qui sont contraints de vendre une partie de leurs rations au marché d’Adré pour être en mesure de cuisiner leur seul repas de la journée. Djamila Hisseine Abdoulrahamane, qui vend sur le marché des montagnes de sorgho exposées au soleil, admet que c’est contraire aux règles. Mais comment peut-elle préparer une soupe sans aucun ingrédient ? Pour le repas d’Aïd-el-Fitr, les huit membres de sa famille se contentent d’un bol de bouillie, de quelques haricots et de quelques litres d’infusion de mauve, une plante locale couramment consommée. Malgré cette situation difficile, elle trouve un certain réconfort à penser qu’ils sont tout de même mieux lotis que ceux qui sont restés de l’autre côté.
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