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16 avril 2024 0 h 10 min

« À l’usine des souverains d’Angkor »

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Angkor… Ce nom porte avec lui un sentiment de grandeur, évoquant une imagerie de temples montagneux splendides, sculptés avec les visages de mille dieux, mille guerriers, et mille danseuses : Angkor Vat, le Bayon, le Baphuon et d’autres encore se dressent impériaux. Malgré tout, ces merveilles structurelles pyramidales, fierté de l’héritage cambodgien et aimant pour les touristes, cachent un vide profond. Où est la capitale de Khmer qui était autrefois un foyer pour des centaines de milliers de personnes et où se situait son palais royal ?

Aujourd’hui, tout ce qui reste du palais sont un petit temple et des bassins, entourés d’une pléthore de fragments de tuiles et de céramiques éparpillés sur le sol, des reliques discrètes de la vie grouillante qui existait autrefois ici. Autrefois, le palais des rois, tout comme la ville elle-même, est devenu un fantôme. Sa composition principalement en bois n’a pas été en mesure de résister au dur labeur des siècles, aux moussons et aux termites. Actuellement, ses seuls occupants sont un couple de gibbons récemment réintroduits. On les entend appeler de la canopée, et si on a de la chance, on peut les apercevoir se balançant d’une branche à l’autre, s’élançant avec grâce d’arbre en arbre, toujours sur le point de tomber, mais ne tombant jamais.

Voici où nous sommes, juste au-delà du mur de fortification. L’intense stridulation des cigales, cachées dans de hauts arbres minces qui s’élèvent perpendiculairement pour fleurir en un amas de feuilles à une hauteur de 30 à 40 mètres. Lorsque le ciel enfin se dévoile, le chant constant des oiseaux cachés, les toiles d’araignée s’étirent en pièges tubulaires et par endroits, des blocs de grès ou de latérite rougeâtre. C’est dans cette petite zone située derrière la terrasse du Roi Lépreux qu’une équipe d’archéologues dirigée par Brice Vincent – conférencier à l’Ecole française d’Extrême-Orient (EFEO) et directeur du centre d’études de l’EFEO à Siem Reap, la ville à proximité – depuis 2016, ouvrant des passages vers le passé. Plus précisément vers une section artisanale abandonnée, l’endroit de la fonderie où, au 11ème siècle, les statues en bronze étaient fondues pour les rois d’Angkor. La seule fonderie de cet âge connue au Cambodge. Deux humbles carrés sont en cours de fouille.

Le projet pluriannuel appelé « Langau », un terme de l’ancien khmer signifiant « cuivre », le principal élément du bronze, est parrainé par l’EFEO et l’Autorité cambodgienne de protection de la région d’Angkor (Apsara). Pour leur campagne de 2024, ils ont tracé deux carrés de quatre mètres de côté sur le sol qui sont actuellement en cours d’examen minucieux à l’aide de petites truelles, le tout sous des bâches en plastique arrimées aux arbres environnants. En dépit de la chaleur qui peut atteindre jusqu’à 38 °C en après-midi, une équipe d’environ vingt personnes, majoritairement des habitants locaux habitués aux fouilles, s’activent sur le site. Chaque seau de terre enlevé est rapidement transporté vers des zones de tamisage afin d’y chercher des fragments de céramique précieux pour la datation, ou des morceaux de métal provenant de la fonderie. La fin de cet article est réservée aux abonnés, avec 77,77% restant à lire.

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