Le paradoxe des élections européennes est évident. Malgré un manque d’intérêt significatif de la part des citoyens français et des résultats qui ne préfigurent pas les futurs scrutins, chaque partie connaît l’importance de ces élections pour l’interprétation future, en particulier en vue des présidentielles de 2027.
Du côté gauche, les préparatifs sont en cours pour remodeler le paysage politique après l’échec de la Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale (Nupes). La question demeure quant à savoir si un accord peut être trouvé pour un seul candidat en 2027, mais plus important encore, pour un programme commun. Quel sera son pivot ?
A quelques années de l’élection ultime, beaucoup envisagent de profiter de ces élections européennes pour contester la suprématie revendiquée par Jean-Luc Mélenchon, qui est considéré incapable de mener la gauche au pouvoir. L’ancien sénateur socialiste, bien que « en retrait mais pas en retraite », a commencé à construire des défenses pour contrer ces aspirations.
A 72 ans, malgré ses dénégations, Mélenchon, qui a déjà été candidat trois fois, n’a pas abandonné l’idée d’un quatrième essai. Cela n’est convaincant pour personne, surtout pas pour ceux qui le connaissent depuis longtemps, même s’il dit vouloir être remplacé, tout en se plaçant parmi les « hypothèses » pour 2027.
La première mission, esquiver un échec majeur pour la liste de La France insoumise (LFI) lors des élections européennes. Le vétéran de la politique a plongé tête première dans la lutte, prenant la dernière place sur la liste, une position symbolique mais non éligible, et transformant ce vote en « premier tour de la présidentielle ». « Il souhaite marquer sa présence et se positionner. Sinon, d’autres le feront à sa place », interprète le politologue Rémi Lefebvre.
Un engagement « double face » pour l’ancien sénateur socialiste, conscient qu’une faible performance serait attribuée à lui, voire utilisée comme prétexte par ses critiques. Vétéran aguerri de la politique, il a déjà commencé à préparer différents arguments pour une défaite éventuelle. « Il n’y ayant pas de liste commune, tout semble jouer contre nous », note-t-il dans son blog le 6 février. C’est une manière de rejeter par anticipation la faute sur ses anciens collègues de la Nupes, qui ont insisté pour se présenter seuls aux élections européennes.
En ce qui concerne l’avenir, Jean-Luc Mélenchon cherche déjà à freiner les ambitions rebelles, en énumérant une liste de successeurs potentiels. Cette liste, qui change en fonction des périodes, met actuellement sur un pied d’égalité la présidente du groupe (LFI) à l’Assemblée nationale, Mathilde Panot, le coordinateur du mouvement « insoumis », Manuel Bompard, et le député de la Somme, François Ruffin.
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