Dans l’arrondissement d’Hochelaga-Maisonneuve à Montréal, la journée commence avec une activité intense dans la cuisine. Le claquement des couteaux qui coupent les légumes accompagne les discussions d’une vingtaine de personnes s’affairant autour des fourneaux. Certaines sont des mères de famille, qui cuisinent ensemble pour minimiser le coût des repas qu’elles ramènent à la maison. Les autres sont des apprentis.
La Cuisine collective accueille divers profils – anciens SDF, mères célibataires sans emploi, adolescents autistes, immigrants sans ressources récemment arrivés – tous éloignés du monde du travail. Ils suivent un programme de formation de six mois qui les prépare pour un emploi de cuisinier ou de serveur.
Le projet est dirigé depuis une décennie par un Français, Benoist de Peyrelongue, âgé de 54 ans. Arrivé à Montréal en 2009 avec un brevet d’études professionnelles en cuisine et une expérience en restauration et hôtellerie, il a créé une nouvelle carrière. « En France, au lieu de me permettre d’explorer mon inclination innée pour le social, on m’aurait exigé de poursuivre mes études et d’obtenir au moins un MBA en gestion », se souvient cet homme qui dirige aujourd’hui une quarantaine d’employés et gère un budget annuel de 4,5 millions de dollars canadiens (3 millions d’euros). « Au Québec, on vous fait confiance, peu importe votre expérience de travail précédente. Chacun n’est limité que par lui-même », ajout-il.
Le consulat français à Montréal a révélé le 10 janvier que la marque de 200 000 Français résidant dans la région a été atteinte. Cela témoigne de l’intérêt sans précédent pour la grande ville de Québec. La plus grande communauté française en dehors de l’Europe contribue à la prospérité économique de la ville, avec des sociétés françaises telles qu’Alstom, Air Liquide, BNP et Accuracy, attirant des expatriés désireux de vivre l’expérience québécoise.
Depuis de nombreuses années, les parfums du pain authentique et des produits de boulangerie émanant des boulangeries françaises sont présent dans chaque quartier de Montréal. Cependant, les travailleurs français sont maintenant présents dans tous les domaines d’activité, la plupart découvrant un sens de l’entreprenariat qui diffère de celui de la France.
Adrien Peyrache, un jeune chercheur en neurosciences de 42 ans, a suivi un chemin classique : une école d’ingénierie en France, un post-doctorat à New York et enfin, en 2016, une candidature à l’Université anglophone très réputée de McGill, à Montréal. À peine après avoir été embauché, on lui a accordé 1 million de dollars (700 000 euros) pour mener ses recherches sur les réseaux neuronaux dans son laboratoire de quinze personnes. Depuis, il a dû apprendre comment lever des fonds pour faire avancer ses projets.
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