Il semblerait que la nationalité algérienne ne garantisse plus l’entrée en Algérie en toute liberté. Un incident impliquant Farid Alilat, un journaliste œuvrant pour le magazine Jeune Afrique, l’affirme. Il prétend qu’il a été détenu pendant onze heures par les services de sécurité à l’aéroport international Houari-Boumediene d’Alger, avant d’être finalement expulsé vers Paris le 13 avril. Selon le témoignage du journaliste sur sa page Facebook, cette expulsion n’a été justifiée ni oralement ni par écrit. Farid Alilat, qui vit en France depuis 2004 et possède une carte de séjour, avait toujours pu voyager librement entre la France et l’Algérie jusqu’à présent, malgré le fait que les autorités algériennes n’affectionnent pas particulièrement Jeune Afrique pour son penchant présumé pour le Maroc. Il déclare : « En 2023, je suis allé en Algérie trois fois pour mon travail. Je n’ai jamais été confronté à une arrestation. Mon dernier voyage s’est déroulé du 15 au 24 décembre 2023, et se passa sans incident.»
La Constitution algérienne est censée garantir cette liberté de mouvement. L’article 55 stipule que « chaque citoyen en possession de ses droits civils et politiques peut choisir librement où il réside et peut se déplacer sur le territoire national. Son droit d’entrer et de sortir du territoire national est également garanti. Toute restriction à ces droits ne peut être imposée que pour une durée limitée et doit être justifiée par une décision de justice. »
Farid Alilat rapporte qu’à l’aéroport d’Alger, il a été interrogé sur ses articles, la politique éditoriale de son journal, ses liaisons et ses réunions à l’étranger. Ses deux téléphones et son ordinateur auraient également été fouillés.
Dans un article publié fin mars, Farid Alilat a détaillé l’assassinat de Krim Belkacem qui s’est déroulé à Francfort en 1970. Krim était un responsable clé du Front de libération nationale (FLN) et avait joué un rôle majeur dans les négociations des accords d’Evian. Alilat a eu une permission spéciale pour accéder aux archives allemandes et a ainsi pu divulguer les identités de deux des trois assassins présumés : Hamid Aït Mesbah, un officier de la sécurité militaire algérienne, et Mohamed Ouslimani, un haut fonctionnaire de l’Etat algérien qui se serait déplacé sous le pseudonyme de Mohamed Debaï.
Il n’est pas confirmé que ce soit cette recherche qui a entraîné l’expulsion d’Alilat. Les autorités algériennes n’ont fait aucun commentaire sur l’article du journaliste. Cependant, cet incident, s’il est prouvé, est considéré par de nombreux observateurs comme une manifestation inhabituelle de nervosité au sein du gouvernement algérien à l’approche de l’élection présidentielle, dont la date a été avancée sans raison ni explication au 7 septembre (au lieu de décembre). Selon Malika Abdelaziz, une ancienne journaliste, il y a un accroissement notable des attaques contre la presse à chaque période électorale.
Actuellement, rien ne semble empêcher le président Abdelmadjid Tebboune de briguer un deuxième mandat. Mis à part l’avocate Zoubida Assoul, qui est la présidente de l’Union pour le changement et le progrès (UCP) et une figure de proue du Hirak, il semble qu’il y ait peu de candidats en lice.
Le président du parti Jil Jadid (« nouvelle génération »), Soufiane Djilali, a été la seule voix d’avertissement pour le président en exercice. Dans une interview pour le site TSA, il lui a conseillé de considérer l’abandon de son second mandat comme une possible victoire. Djilali a ajouté que le dirigeant avait encore le temps de méditer et d’écouter ceux qui lui parlaient sincèrement afin d’éviter de succomber à la flatterie. Il a suggéré que le président pourrait efficacement orchestrer un processus de transition en soutenant des élections présidentielles animées.
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