À partir du lundi 15 avril, l’inspection technique est maintenant obligatoire pour les motos, les scooters, les véhicules miniatures et les quads. Pour les véhicules de catégorie L immatriculés avant le 1er janvier 2017, la première inspection doit être effectuée au plus tard le 31 décembre 2024.
Environ 2,5 millions de personnes sont invitées à effectuer leur première inspection technique réglementaire en 2024, selon Mobilians, l’organisation représentant les professionnels du secteur.
Le freinage, le guidon, les feux, les fuites et les pneus : l’inspection, d’une durée de validité de trois ans, couvrira 78 points, soit un peu moins que pour les voitures. Le contrôle du bruit et du débridage du véhicule, souvent contourné par les scooters, n’entrera en vigueur qu’à l’été 2025. En cas de vente, tous les véhicules catégorie L doivent également être examinés. Cette mesure a entraîné de nombreux motocyclistes à vendre leur véhicule avant la date limite, ce qui a stimulé le marché des véhicules d’occasion au premier trimestre 2024 (+ 6% en un an), selon l’assureur Solly Azar.
Beaucoup de motards contestent ces nouveaux contrôles techniques et se sont rassemblés le samedi et le dimanche partout en France pour exprimer leur insatisfaction. Selon le ministère de l’intérieur, il y avait plus de 38 450 manifestants en tout durant le week-end, dont 7 000 à Paris samedi. Les organisateurs, quant à eux, ont dénombré 10 000 manifestants dans la capitale.
Les motards dénoncent cet acte comme étant « une arnaque ».
Bien que l’intention de la mesure soit d’améliorer la sécurité, les motocyclistes contestent cet argument. Didier Renoux, le délégué général de la Fédération française des motards en colère (FFMC), insiste sur le fait que les accidents ne sont généralement pas causés par la condition du véhicule, qui est généralement bien entretenu par les motocyclistes, mais plutôt par l’état des routes.
« C’est une pure exploitation », a déclaré Isabelle Lebret, membre de la FFMC, le samedi. Les motards sont également mécontents du coût de ces contrôles. Bien que les centres puissent fixer librement le prix pour chaque type de véhicule, il devrait dépasser les 50 euros, malgré l’assurance de l’ancien ministre des Transports, Clément Beaune, en juin 2023, que la visite coûterait « moins de 50 euros ».
C’est une directive européenne datant d’avril 2014 qui oblige les États membres à mettre en place ce contrôle technique. De nombreux recours ont retardé sa mise en œuvre en France, tandis que le mécanisme a été mis en œuvre sur presque tout le continent européen avant la date limite du 1er janvier 2022.
En France, un premier décret a été émis par le gouvernement en 2021, avant qu’Emmanuel Macron ne le torpille, soucieux de ne pas « déranger les Français ». Le gouvernement avait ensuite annoncé qu’il favorisait des « mesures alternatives », comme des campagnes de sensibilisation. Mais il a dû finalement céder en 2023, sur décision du Conseil d’État.
Certains députés réclament un « moratoire ».
Dans l’alliance présidentielle, des législateurs ont sollicité un « moratoire » sur cette procédure de contrôle technique auprès du ministère des transports, tout en proposant des alternatives. Ils n’ont reçu aucune réponse jusqu’à présent. Sacha Houlié (Renaissance), chef de la commission juridique et pilote d’une moto Yamaha, a confié à l’Agence France-Presse : « Il est impossible de trouver un centre de contrôle technique, même si je voulais m’y soumettre ». Législateur ajoute, « Comme d’habitude, je vais faire ma maintenance annuelle. Je ne connais pas un seul motocycliste qui ne le fait pas».
Depuis octobre 2023, quand le contrôle a été confirmé, les centres de contrôle technique ont accéléré leurs efforts pour obtenir l’approbation nécessaire. En France, bien que tous les sites ne soient pas aptes, près de la moitié des centres, soit 3 000 contrôleurs, sont préparés, selon l’organisation de contrôle technique.
En Espagne, où un contrôle technique pour toutes les motocyclettes a été imposé en 2006, la mortalité a considérablement chuté chez les cyclomotoristes, mais pas chez les motards, selon l’organisation espagnole des contrôleurs. En 2022, 17 % des deux-roues inspectés ont dû revenir pour un contrôle supplémentaire, et la moitié d’entre eux avaient de graves défauts. La majorité des problèmes étaient relatifs à l’éclairage, à la pollution ou au bruit.