Réécriture:
Un recueil remarquable de textes rares et inédits ainsi que de diverses interventions titré «Dans l’arène ennemie. Textes et entretiens. 1966-1999» de Monique Wittig a été lancé, édité par Sara Garbagnoli et Théo Mantion avec la maison d’édition Minuit. Il est vendu pour 22 € en papier et 26 € en version numérique.
Wittig déclare dans une entrevue de 1979 que lors de sa première communion à l’âge de 12 ans, elle a décidé de ne jamais se marier. Elle ne voulait pas vivre la vie d’une femme qui sert un homme, sans vie propre. C’est dans l’église qu’elle est devenue féministe. Cette entrevue, publiée pour la première fois en version intégrale, est suffisante pour justifier l’attention portée à ce recueil.
Monique Wittig (1935-2003) n’était pas encore l’emblème féministe et lesbienne qu’elle est maintenant. Au moment de la parution du livre, elle était simplement une femme qui écrivait, de manière créative et agissait pour bouleverser l’ordre établi.
Son premier roman intitulé «L’Opoponax» (Minuit, 1964) est un témoignage de son ingéniosité. Le roman, qui représente l’amour entre deux petites filles, était si bien centré sur l’enfance que personne n’a remarqué le féminisme et le lesbianisme sous-jacents. Wittig, qui cherchait à faire passer un message de manière subtile, a réussi. Elle a même reçu le prix Médicis pour ses efforts.
Avec son expérience, elle est armée pour l’avenir. Dans ses travaux, l’écrivaine discute des figures telles que Godard, Flaubert et sa grande admiration, Nathalie Sarraute (1900-1999). Cependant, son principal objectif est de réinterpréter la langue, pour la libérer de la dominance masculine. Avant même les débats houleux autour du langage inclusif, elle a adopté une approche innovante en utilisant les pronoms pour contrer la prédominance masculine dans la langue, pour introduire un « texte parallèle féminin ». Avec l’utilisation de son « on » dans L’Opoponax, le changement vers le « elles » dans Les Guérillères (Minuit, 1969) et le « j/e » fracturé dans Le Corps lesbien (Minuit, 1973) devenus célèbres. Dans une œuvre anonyme parue dans le magazine du Mouvement de libération des femmes (MLF), Le torchon brûle, en 1973, un « moie » très féminin a vu le jour : « Donne moie ton moie que j/e m//y noie. »
Parmi les plus radicaux
La combinaison de la poésie, du sexe, de l’amour et de la politique dans le recueil propose une plongée vivifiante dans l’effervescence féministe des années 70. Co-fondatrice du MLF, Monique Wittig a été identifiée dès le départ comme l’une des activistes les plus radicales : « En tant que femmes, nous sommes les véritables servantes de l’histoire », « la plus ancienne des classes opprimées », fait-elle rageusement valoir dès 1970. Cependant, elle a rapidement contesté le concept de « femme », qu’elle considère comme une construction sociale. Wittig se concentre ensuite sur les lesbiennes, considérées comme les plus marginalisées parmi les opprimées, invisibles et réprimées.
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