Nos idées sur des questions comme le social, la fiscalité, les migrations, l’environnement, l’éducation et la sécurité peuvent être en désaccord. Cependant, on admet globalement qu’une révision urgente est nécessaire dans la manière de sélectionner les députés de l’Assemblée nationale. Ceci est une question de sauvegarde de notre avenir démocratique.
En premier lieu, l’actuel système de vote majoritaire n’assure pas une répresentation juste des variétés d’expressions de notre société. En conférant tout pouvoir au gagnant, il permet à des courants politiques – qui ne reflètent qu’une minorité de la population – de gouverner et de changer les lois de la République sans tenir compte de l’opinion de la majorité de nos citoyens.
C’est l’une des raisons majeures de la délégitimation de la représentation nationale, ce qui enclenche un taux d’abstention plus élevé, qui pourrait finalement nuire à notre démocratie. Faisons remarquer qu’aux législatives de 2022, seuls 37 députés, soit 6,5 % du total, furent élus avec l’appui de plus de 30% des inscrits dans leur circonscription au second tour. 61 députés représentaient même moins de 20 % de ces électeurs.
Instabilité Nuisible
Contrairement aux arguments souvent avancés par ses soutiens, le scrutin majoritaire entraîne en fait une instabilité nuisible aux politiques publiques. Car des décisions politiques prises par une minorité peuvent se heurter à de fortes oppositions et les gouvernements qui les véhiculent sont souvent rejetés par les électeurs après cinq ans. De plus, du fait de la nécessité d’alliances pour le second tour, ce système encourage une logique de confrontation entre blocs décourageant la quête de compromis pour rassembler une large part de la société.
D’après un sondage mené en décembre 2023, le scrutin majoritaire pourrait permettre au Rassemblement national (RN) d’acquérir la majorité totale des sièges à l’Assemblée nationale, malgré qu’il n’ait recueilli que moins de 30% de l’ensemble des votes. Le système de vote actuel, pendant quarante ans, a sous-estimé la représentation du Front national, ensuite le RN, mais n’a pas entravé sa croissance. Au contraire, cela l’a encouragé à s’établir en tant que parti de protestation, l’empêchant de devoir assumer ses responsabilités à l’Assemblée nationale. Cependant, ce même système de vote peut à présent changer la croissance du RN en un tsunami, qui potentiellement lui donnerait la faculté de mettre en pratique son programme qui est irresponsable, en faveur de Poutine, xénophobe et liberticide sans obstruction.
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