L’endroit est un lieu finement conçu, caractérisé par un sol en béton et des murs d’une propreté éclatante, similaires à ceux que l’on peut trouver partout dans le monde. Au premier regard, il semblerait improbable d’imaginer le rôle prépondérant que cet endroit a joué dans l’invention et la création des lampes les plus renommées dans le domaine du design, toutes signées par Ingo Maurer. Niché au cœur de l’ancien quartier bohème et populaire de Schwabing à Munich (Bavière), qui a gagné en prestige au fil des ans, le créateur a réalisé une gentrification interne en transformant son ancienne usine fondée en 1973 en un espace d’exposition.
Le lieu est facilement reconnaissable depuis la rue grâce à son immense cylindre transparent de 3 mètres de haut et demi-mètre de large, rempli d’une eau d’un bleu intense agitée par une hélice, créant un tourbillon où flotte une bouée lumineuse indiquant l’entrée du showroom. Cette installation lumineuse est l’une des multiples innovations de l’éditeur. Le créateur des célèbres Lucellino (une ampoule équipée de deux ailes d’ange), de la suspension Campari, et du chandelier Zettel’z (des carrés de papier blanc gribouillés suspendus au bout de tiges métalliques), a transformé cette cour arrière en un centre névralgique du design mondial.
Ingo Maurer, né en 1932 sur l’île de Reichenau, s’est établi à Munich en 1963, dans le quartier de Schwabing, réputé pour ses artisans et son industrie du treillis métallique. Sa belle-famille résidait également à Munich à cette époque. Il a toujours été un innovateur et a naturellement ouvert sa propre unité de production, qui a d’abord été située à 200 mètres de son domicile, mais a déménagé en 1973 pour avoir plus d’espace, grâce à son succès croissant. Axel Schmidt, qui a repris l’entreprise après le décès de Maurer en 2019 et sa reprise par le fabricant italien de luminaires Foscarini en 2022, raconte cette histoire.
Des festivités surréalistes ont réellement lieu dans leur entreprise. Alors que d’autres marques ont délocalisé leur production, ils ont continué à fabriquer leurs propres modèles, ce qui était inhabituel. Il y a dix-sept ans, ils ont jugé nécessaire de déplacer l’usine en banlieue. Cela leur a permis de produire leurs propres modèles, mais aussi de créer des œuvres sur mesure et d’exécuter des commandes de plusieurs centaines de lampes.
Certains de leurs modèles sont très coûteux et n’ont qu’un ou deux exemplaires par an, comme le lampadaire en sandwich d’aluminium aR-ingo, dessiné en collaboration avec Ron Arad. Ils créent également une multitude de lampes sur mesure, comme la vaste installation lumineuse du Residenztheater de Munich, un tube métallique éclairé et revêtu de plumes blanches, et divers éclairages publics artistiques, comme l’explique Axel Schmidt.