Richard Goulet, un historien de la philosophie antique, vit et travaille dans un appartement non ostentatoire situé à quelques kilomètres au sud de Paris. Malgré le fait que le lieu présente peu de signes de l’originalité du travail de cet érudit, il est évident que son appartement est unique en son genre. Sa bibliothèque est loin d’être envahissante, bien qu’elle soit clairement constituée de textes grecs et latins pour la plupart. Les appareils technologiques tels que les ordinateurs sont bien dissimulés, malgré le fait que Richard ait été parmi les pionniers dans l’utilisation de l’informatique pour les recherches dans les humanités classiques.
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, Goulet ne se préoccupe pas des signes extérieurs de culture ou de distinction. Il est plus intéressé par un travail sérieux et approfondi, accompli au fil des décennies. Le résultat de son travail est impressionnant : l’édition et la traduction d’œuvres méconnues, le recensement de milliers de philosophes grecs et romains, des dizaines d’articles érudits et même la création d’outils numériques sur mesure.
Né en 1943 au Canada, Goulet a grandi dans un quartier populaire à l’est de Montréal. Il a développé un intérêt pour les langues anciennes lors de sa formation dans un collège mis en place par les pères de Sainte-Croix, malgré sa maigre perspective de devenir un jour chercheur au CNRS. En fin de compte, son objectif est simple, comme il l’a expliqué à « Monde des livres » : « Faire des choses utiles ».
Richard Goulet, spécialiste des études bibliques et patristiques, s’est formé en France auprès de Pierre Hadot (1922-2010) à l’Ecole pratique des hautes études, puis a rejoint le CNRS en 1976, dans une unité créée et dirigée par Jean Pépin (1924-2005). Il décrit son environnement de travail comme stimulant, valorisant le travail en profondeur et les investissements à long terme. Malgré la prédominance du structuralisme et le peu de reconnaissance accordée à l’érudition à l’époque, Goulet et ses collègues ont compris l’importance d’éditer, traduire et commenter minutieusement des textes.
Sous sa direction, les recherches se concentrent principalement sur l’interaction entre la philosophie et la religion. Il a notamment mis en valeur l’œuvre peu connue de Macarios de Magnésie (IVe siècle), qui s’oppose aux critiques de Porphyre (234-305) contre les chrétiens. Sa thèse majeure, La Philosophie de Moïse (Vrin, 1987), remet en question l’interprétation habituelle des relations entre la pensée juive et l’héritage grec.
En menant ces recherches et en participant à des projets sur Plotin (205-270) et Diogène Laërce (début du IIIe siècle), Goulet a identifié des lacunes dans les outils de documentation disponibles et a décidé de les combler.
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